1er Jour

chiot 1er jour

Croissance

Les chiots doivent être pesés à la naissance car le poids de naissance à une valeur pronostique sur la survie néonatale. Le poids de naissance n’est pas lié au sexe du chiot mais dépend de sa race (Mugnier et al., 2020).

La balance doit être adaptée à la fourchette de poids visée (qui dépend de la race). La précision doit être de l’ordre du gramme et l’exactitude des valeurs mesurées doit idéalement être régulièrement vérifiée. Une cuvette à bords hauts permet d’éviter les chutes. Elle doit être parfaitement propre et désinfectée, en particulier pour la pesée des nouveau-nés, afin de limiter les risques de contagion entre portées (essentiellement en raison du risque de transmission du parvovirus canin).

Le poids doit être soigneusement noté sur un graphique en grammes, une fois par jour au cours des deux premières semaines. Cependant, en cas de maladie, le chiot peut être pesé plus fréquemment pour adapter l’alimentation, la perfusion, les traitements…

 

  • Poids de naissance par races et par format racial

Le poids de naissance médian des chiots de format petit, moyen, grand et géant est respectivement de 190g (min = 66g, max = 370g), 300g (min = 85g, max = 572g), 418g (min = 139g, max = 630g) et 460g (min = 230g, max = 715g). On observe ainsi une forte variabilité du poids de naissance entre les différents formats raciaux, avec des poids de naissance médians significativement différents (p < 0,0001) (Tableau 1). (Lecarpentier et Martinez, 2017).

Tableau 1 : Bilan des poids de naissance médians, minima et maxima selon le format racial (Lecarpentier et Martinez, 2017)

Tableau : Bilan des poids de naissance médians, minima et maxima selon le format racial

 

Les poids de naissance de 19 races sont présentés dans le tableau 2 : il s’agit de poids recueillies en France entre 2000 et 2018 (Lecarpentier et Martinez, 2017).

Le poids de naissance médian ou moyen de chaque race varie parfois de façon non négligeable selon les sources. Ces variations importantes peuvent s’expliquer par de nombreux paramètres : le nombre de chiots inclus dans l’étude (qui varie de 43 à 282), le pays, l’élevage, la portée d’origine des chiots, la prise en charge de la mère et des chiots au cours de la gestation et de la lactation, les caractéristiques parentales, l’évolution de la race au cours du temps…etc.

Tableau 2 : Poids de naissance médian d’un chiot (en grammes) selon sa race, son sexe et la taille de la portée (définie au sein de chaque race) dont il est issu (n = 2978 chiots) (nt = non traité)

Tableau : Poids de naissance médian d’un chiot (en grammes) selon sa race, son sexe et la taille de la portée (définie au sein de chaque race) dont il est issu

 

  • Poids de naissance critique

Les animaux de faible poids de naissance ont des réserves énergétiques plus faibles.  Un faible poids de naissance est un facteur de risque majeur de mortalité et de morbidité néonatale (0-21j).  Un poids de naissance critique en dessous duquel le risque de mortalité néonatale augmente a été déterminé pour plusieurs races (Figure 5), (Mugnier et al., 2020).

Figure 5 : Définition des catégories de risque de mortalité néonatale pour 12 races canines. En rouge, risque élevé ; en orange, risque modéré; en vert, risque faible (Mugnier et al. 2020)

Figure : Définition des catégories de risque de mortalité néonatale pour 12 races canines. En rouge, risque élevé ; en orange, risque modéré; en vert, risque faible

Il est normal que les chiots perdent un peu de poids au cours des premières 24h, c’est essentiellement une perte d’eau et des premiers excréments, mais cette perte ne doit pas excéder 4% du poids de naissance (Mila et al., 2015). Au-delà, le pronostic vital devient réservé.

Dentition

Le chien, comme les autres mammifères, est une espèce diphyodonte, c’est-à-dire qui présente 2 dentitions : une dentition  déciduale de 28 dents et une dentition définitive de 42 dents, 20 à la mâchoire supérieure et 22 à la mâchoire inférieure. On peut parfois lire que la dentition de lait est composée de 32 dents, parce qu’on y ajoute les PM1(première paire de pré molaires) qui sont des dents de lait persistantes (Hawkins, 2001).

Les changements pendant la période pédiatrique sont surtout visibles au niveau des 6 incisives : 2 pinces (I1), 2 mitoyennes (I2), 2 coins (I3) (figure 9).

Figure 9: La denture du chiot (vue latérale de la bouche) ; I=incisives, C=canines, P=pré-molaires (Pollet, 2009)

Figure : La denture du chiot (vue latérale de la bouche)

 

Les chiots naissent dépourvus de dents et le restent jusqu’à l’âge de 3 semaines.

Température

La température est un facteur essentiel pour l’évaluation de l’état de santé d’un animal. Chez le nouveau-né, le risque d’hypothermie est particulièrement élevé du fait d’un rapport surface/volume élevé et de l’absence de nombreux réflexes (Rickard, 2011). Chez le jeune, l’hyperthermie est ensuite un des premiers symptômes d’agression par un pathogène. C’est pourquoi il est important de connaitre les valeurs de référence de température en fonction de l’âge du chiot.

Les mesures utilisées dans cette partie sont toutes prises par un thermomètre digital rectal. En effet, c’est la prise de température qui semble la plus répétable (et la moins opérateur-dépendante) et la plus proche de la température centrale (Greer et al., 2007).

La thermorégulation est médiocre chez les nouveau-nés car leur capacité de vasoconstriction en réponse à une diminution de la température est faible. De plus, ils ont un grand rapport surface/masse corporelle, une masse graisseuse relativement faible, un débit sanguin réduit aux extrémités et une forte teneur en eau, ce qui diminue leur capacité à se réchauffer. Ils ne peuvent pas non plus haleter pour se refroidir. Cette inadaptabilité rend les nouveau-nés très sensibles aux variations de température.

La température corporelle du chiot baisse progressivement à partir de la température de la mère, jusqu’à atteindre la température d’un nouveau-né dans les 30 minutes suivant la naissance. Leur température est alors proche de 35°C. Les chiots se déplacent ensuite en direction des mamelles et maintiennent leur température grâce à la chaleur maternelle (Rickard, 2011).

La température d’un nouveau-né est systématiquement inférieure à celle de l’adulte. Environ 24 heures après la naissance, un chiot en bonne santé présente une température de 35-36,5 °C (en moyenne 36,4 °C) (Catteau, 2014a).

Si la température corporelle du chiot est inférieure à 34,4°C, la mobilité intestinale diminue et une stase intestinale apparait, ce qui entraine des fermentations intestinales avec production de gaz et donc un ballonnement du chiot qui ne digère pas. De plus, cela crée une surpression contre le diaphragme et entraine des difficultés respiratoires et de la dyspnée. Ces difficultés poussent à leur tour le nouveau-né à avaler de l’air, aggravant encore le ballonnement. En cas d’alimentation par sonde, le ballonnement augmente le risque de régurgitation et de fausse route. Un ballonnement trop important peut entrainer des difficultés circulatoires et causer la mort de l’animal.

La baisse de température peut être suivie d’une baisse du rythme cardiaque : il s’agit au départ d’une réponse de protection dont le but principal est d’éviter que l’apport sanguin artériel au cerveau ne diminue. Si cette baisse se prolonge, la fréquence respiratoire diminue (jusqu’à ce qu’il n’y ait que des halètements occasionnels) et une insuffisance cardio-respiratoire peut apparaitre. Le nouveau-né est prostré, allongé en position latérale. Les réflexes sont extrêmement lents, le réflexe de succion disparait en dessous de 32°C. En outre, une température anormalement basse chez le nouveau-né (<35 °C) également augmenter la vulnérabilité aux infections par l’herpès virus ou les bactéries.

La sensibilité thermique du chiot est très développée à la naissance. Une baisse de la température corporelle ou le contact d’une surface froide entraîne une agitation généralisée et des vocalises. Le chiot explore et s’oriente vers les sources de chaleur et s’arrête lorsqu’il entre en contact avec l’une d’elle (mère, autres chiots, bouillottes…) (Vastrade, 1986).

Paramètres hématologiques

Le volume sanguin du chiot est compris entre 50 et 80mL/kg de poids corporel (Root Kustritz, 2011a) et estimé à 68mL/kg en moyenne (Rosset et al., 2012). Pour que les analyses sanguines soient interprétables, il est important d’avoir une quantité de sang suffisante. Cette quantité dépend du tube de prélèvement utilisé, de l’analyseur et de l’analyse demandée. Les veines périphériques étant généralement trop petites, on privilégiera une prise de sang au niveau de la veine jugulaire, avec une aiguille de 22 ou 25 gauges et une seringue de 3mL. La quantité de sang prélevée ne doit pas dépasser 10% du volume sanguin par semaine, soit environ 0,7mL/100g de poids vif (Rickard, 2011).

Le minimal data-base recommandé pour le nouveau-né inclut un hématocrite et le dosage des protéines totales, du glucose sanguin et de l’urée (Root Kustritz, 2011a).

 

  •  Lignée rouge

L’hématocrite peut être élevé à la naissance. (Harper et al., 2003; Rosset et al., 2012). Les valeurs hématologiques de la lignée rouges sont données dans le tableau 10.

Les chiots nouveau-nés présentent des globules rouges macrocytaires avec un volume corpusculaire moyen (VGM) élevé (Root Kustritz, 2011a).

Tableau 10: Lignée rouge chez le chiot à la naissance – valeurs hématologiques  (Earl, 1973).

VGM : volume globulaire moyen ; CCMH : concentration corpusculaire moyenne en hémoglobine ; TCMH : teneur corpusculaire moyenne en hémoglobine ; GR : globules rouges. Les valeurs entre parenthèses sont des valeurs moyennes.

Tableau : Lignée rouge chez le chiot à la naissance – valeurs hématologiques

 

  • Lignée blanche

Chez le chiot à la naissance, les nombres de globules blancs, de neutrophiles et de lymphocytes sont plutôt supérieurs aux valeurs usuelles de l’adulte (von Dehn, 2014). Les valeurs hématologiques de la lignée blanche sont données dans le tableau 11.

Tableau 11: Lignée blanche chez le chiot à la naissance – valeurs hématologiques (Earl, 1973).

VGM : volume globulaire moyen ; CCMH : concentration corpusculaire moyenne en hémoglobine ; TCMH : teneur corpusculaire moyenne en hémoglobine ; GB : globules blancs. Les valeurs entre parenthèses sont des valeurs moyennes.

Tableau : Lignée blanche chez le chiot à la naissance – valeurs hématologiques

 

  • Plaquettes

A la naissance, la concentration plaquettaire dans le sang est comprise entre 178 et 465 x 103/µL, pour une valeur moyenne de 302 x 103/µL (Earl et al., 1973).

Les nouveau-nés ont une capacité de coagulation réduite en raison d’un faible taux de la thrombine dans les premières 48 à 72h de vie. (Root Kustritz, 2011a).

Système digestif

L’évaluation du système digestif passe par un examen de la cavité buccale afin de s’assurer qu’il n’y ait pas d’anomalies majeures (traumatisme, fente palatine…).

A la naissance, le tractus digestif subit l’un des changements les plus importants parmi tous les organes vitaux. A la naissance, le tractus digestif doit faire la transition entre le simple traitement des fluides amniotiques et la digestion du lait. Des enzymes digestives sont alors produites et activent la sécrétion, la motilité et l’absorption intestinales qui commencent peu de temps après la naissance (Prendergast, 2011).

Au cours des premières 24h, le poids de l’intestin grêle est quasiment multiplié par 2 (Hoskins, 2011 ; Prendergast, 2011). Sa longueur et son diamètre augmentent également rapidement dans les heures qui suivent la naissance, ce qui représente une croissance bien plus rapide pour cet organe que pour le reste de l’organisme au cours des premières 24h (Heird et al., 1984 ; Zabielski et al., 1999).

Le système digestif d’un chiot en bonne santé est capable, dès la naissance, de digérer et d’absorber les nutriments essentiels du lait maternel (Hoskins, 2011).

Les nouveau-nés ont un système digestif stérile à la naissance. Leur flore intestinale va se développer progressivement au cours des premières heures de vie, en fonction de leur environnement, de leur mère et de ce qu’ils ingèrent jusqu’à former des populations stables de bactéries. Le tractus digestif est entièrement colonisé par des bactéries après 24h mais la composition des colonies bactériennes varie d’un individu à l’autre en fonction de facteurs évoqués précédemment (Peterson, 2011).

La première tétée permet non seulement la prise de colostrum, mais est également à l’origine de l’expulsion du méconium accumulé dans les intestins du fœtus. (Rickard, 2011). Le comportement de tétée du chiot sera développé plus loin dans le manuscrit, dans la partie traitant du comportement du chiot.

Les enzymes pancréatiques sont en quantité limitée à la naissance, ce qui permet l’absorption des immunoglobulines du colostrum. L’amylase n’est pas encore produite mais est apportée par le lait maternel (Prendergast, 2011).

La plupart des enzymes des villosités intestinales sont déjà présentes et facilitent l’absorption. L’activité de ces enzymes augmente juste avant la mise-bas, c’est pourquoi les chiots prématurés peuvent présenter des problèmes de digestion. Cependant, même si elles sont présentes, l’activité de ces enzymes n’est pas toujours maximale dès la naissance. Le tractus digestif du chiot n’est alors pas adapté à digérer autre chose que du lait. En effet, certaines enzymes des villosités intestinales comme l’α-glycosidase ne sont pas bien développées, ce qui empêche la digestion de certains sucres comme le maltose (Peterson, 2011).

Chez les chiots, le colostrum doit être ingéré dans les premières 8 à 12h pour acquérir une immunité passive d’origine maternelle. La perméabilité de la paroi intestinale aux immunoglobulines commence à diminuer à partir de 8h après la naissance et l’absorption n’est plus possible après 16 à 14h de vie. Les immunoglobulines M étant de trop grosses molécules, ce sont essentiellement les IgG et les IgA qui sont absorbées. La capacité gastrique moyenne d’un chiot est de 40mL/kg (von Dehn, 2014).

Système hépatobiliaire

Malgré une différenciation précoce du foie au cours de l’embryogenèse, de nombreuses fonctions métaboliques de cet organe sont peu développées à la naissance. Notamment, les capacités de glycogenèse, de stockage du glucose, de métabolisation des acides biliaires, de détoxification et d’élimination des déchets sont réduites. Le foie du nouveau-né est donc plus fragile vis-à-vis de certaines atteintes toxiques ou infectieuses pouvant passer inaperçues chez l’adulte (von Dehn, 2014).

Le foie est également responsable de la synthèse d’albumine, de cholestérol, de plusieurs globulines et de facteurs de coagulation et d’anticoagulation.

 

  • Métabolisme du glucose

À la naissance, la concentration de glucose dans le sang est identique à celle de la mère. Elle diminue rapidement au départ (consommation des réserves avant la première tétée) puis se stabilise dans les 3 premiers jours de vie (Root Kustritz, 2011a). La concentration médiane de glucose relevée par Mila et al en 2017 est de 97mg/dL [71-132] avant les 8 premières heures de vie (tableau 29) puis de 116mg/dL [89-147] à 24h de vie.

Un poids de naissance plus petit peut être relié à une glycémie plus faible au cours des 8 premières heures de vie (Mila et al., 2017).

La glycémie des nouveau-nés est relativement aisée à mesurer : une goutte de sang prélevée à l’oreille suffit pour effectuer la mesure avec un appareil de mesure rapide à bandelette (Silverstein, 2009).

La concentration en glucose au cours de la première journée de vie a un effet significatif sur le taux de mortalité des chiots entre la naissance et 21 jours de vie. En effet, la mortalité avant le 21ème jour de vie est sensiblement augmentée lorsque la glycémie mesurée à J1 est inférieure à 92 mg/dL (Mila et al, 2017).

 

Tableau 29 : Intervalles de référence de la glycémie du chiot à la naissance

Tableau : Intervalles de référence de la glycémie du chiot à la naissance

 

Les nouveau-nés ont des réserves limitées en glycogène à la naissance et une faible capacité de glycogenèse. De plus, ils n’utilisent pas encore bien les autres sources d’énergie (lipides, acides aminées). Ainsi, un chiot qui ne tête pas consomme ses réserves hépatiques de glycogène et devient hypoglycémique dans les premières 24h (glycémie < 40mg/dL). En effet, les chiots ont une mauvaise régulation de la glycémie par rapport aux adultes, ils mettent plus de temps à se remettre d’une hypo ou hyperglycémie, ce qui peut être dû à une insensibilité relative à l’insuline endogène ou, de manière plus générale, à une mauvaise réponse aux hormones de régulation. Le nouveau-né est capable de synthétiser du glycogène mais les réserves ne se forment qu’à court terme. Le maintien de la glycémie est bien évidemment vital pour le développement. Les signes cliniques d’hypoglycémie souvent observés sont les gémissements, l’abattement, les tremblements et le coma (Rickard, 2011).

La néoglucogenèse ne commence qu’après les deux premières heures qui suivent la naissance du fait de la très faible activité de l’enzyme phosphenolpyruvate carboxykinase (PEPCK) responsable de la transformation du glycogène en glucose (Delebarre, 2014).

 

  • Cholestérol

Une hypocholestérolémie modérée est fréquente et normale chez des chiots de 1 à 3 jours (Center, 2011).

 

  • Bilirubine

Les capacités de conjugaison et d’excrétion de la bilirubine sont relativement bien développées chez le chiot à la naissance en comparaison avec celles d’autres espèces. Le fœtus présente déjà des enzymes de conjugaison de la bilirubine. La bilirubinémie peut augmenter modérément au cours des premières 24h de vie (Center, 2011).

La bilirubinémie est comprise entre 0,2 et 1mg/dL, avec une valeur médiane de 0,5mg/dL à la naissance (Silverstein, 2009).

 

  • Acides biliaires

Les acides biliaires sont synthétisés dans les hépatocytes à partir du cholestérol et d’acides aminés (taurine et glycine) puis excrétés dans la bile. La concentration sanguine en acides biliaires mesurée chez des chiots de 1 jour se trouve dans les intervalles de référence de l’adulte (Center, 2011).

 

  • Albumine et protéines totales

A la naissance, la quantité de protéines totales dans le sang est inférieure aux valeurs de l’adulte et l’albuminémie est proche des valeurs de l’adulte (tableau 30).

Tableau 30 : Intervalles de référence de la protéinémie du chiot à la naissance

Tableau : Intervalles de référence de la protéinémie du chiot à la naissance

 

  • Activité des enzymes hépatiques

L’activité des phosphatases alcalines (PAL) augmente considérablement après la tétée. L’activité des PAL est alors plus de 30 fois supérieure aux valeurs de l’adulte, du fait de la forte teneur en PAL du colostrum. Ainsi, la mesure de l’activité enzymatique des PAL dans le sérum ou le plasma permet d’obtenir des informations importantes sur la prise colostrale et le transfert d’anticorps colostraux associé. De la même manière, l’activité des gamma-glutamyl transférases (GGT) peut également être utilisée comme marqueur de l’ingestion de colostrum, avec une valeur quasiment 100 fois supérieure aux valeurs de l’adulte (Center et al., 1991).

Les concentrations en phosphatase alcaline (PAL), aspartate aminotransférase (ASAT), γ-glutamyltransferase (GGT), créatine kinase (CK) et lactate déshydrogénase (LDH) augmentent considérablement au cours des 24 premières heures (Center et al, 1991). Les valeurs à J1 sont données dans le tableau 31. Les valeurs de référence de l’adulte selon les différents auteurs sont données à titre informatif dans le tableau 32.

Tableau 31: Intervalles de référence de l’activité des enzymes hépatiques du chiot au premier jour de vie  (Les valeurs entre parenthèses indiquent des valeurs médianes)

Tableau : Intervalles de référence de l’activité des enzymes hépatiques du chiot au premier jour de vie

 

 

Tableau 32 : Intervalles de référence de l’activité des enzymes hépatiques de l’adulte selon les différents auteurs

Tableau : Intervalles de référence de l’activité des enzymes hépatiques de l’adulte selon les différents auteurs

Système cardio-vasculaire

Lors de l’examen de l’appareil cardiovasculaire, il sera important de ne pas oublier d’examiner les muqueuses (orales, conjonctivales et génitales) à la recherche d’une pâleur ou de cyanose.

Le volume sanguin du chiot est compris entre 50 et 80mL/kg de poids corporel (Root Kustritz, 2011a) et estimé à 68mL/kg en moyenne (Moon et al., 2001; Rosset et al., 2012).

Dans le système circulatoire fœtal, le sang est dévié des poumons fœtaux non fonctionnel par le canal artériel qui relie l’artère pulmonaire gauche à l’aorte. Lorsque le cordon ombilical est rompu, la circulation ombilicale cesse, le canal artériel commence à rétrécir et les vaisseaux pulmonaires se dilatent en réponse à une augmentation de la pression artérielle en oxygène. A la naissance, le ventricule droit et le ventricule gauche sont de taille identique (Bulmer, 2011).

En comparaison à l’adulte, les nouveau-nés ont une pression artérielle, un volume systolique et une résistance vasculaire périphérique plus faibles mais une fréquence cardiaque, un débit cardiaque, un volume plasmatique et une pression veineuse plus élevés (tableau 53) (Bright, 2011 ; Moon et al., 2001).

Tableau 53 : Rythme cardiaque et valeurs moyennes des pressions artérielles chez le chiot à la naissance, d’après Moon et al, 2001

Tableau : Rythme cardiaque et valeurs moyennes des pressions artérielles chez le chiot à la naissance

 

L’innervation autonome du cœur et des vaisseaux est incomplète à la naissance, rendant la régulation via le baroréflexe moins efficace que chez l’adulte. La contractilité du myocarde n’est pas totalement développée non plus, ce qui limite la capacité d’adaptation cardiaque en cas d’hémorragie, d’hyperthermie ou de déséquilibre acido-basique. A la naissance, le chiot a un rythme sinusal régulier non associé à la respiration car les réflexes vagaux ne se développent pas avant l’âge de 8 semaines environ (Bright, 2011; Rickard, 2011).

 

Un système de scoring existant en médecine humaine (Apgar scoring, développé par Virginia Apgar) a été adapté pour les chiots nouveau-nés (Voir annexe 4). Il peut être très utile comme moyen d’évaluation des chiots en cours d’hospitalisation s’il est répété dans les mêmes conditions. Il est utilisé pour évaluer la vitalité du chiot en s’appuyant sur plusieurs paramètres comme le rythme cardiaque ou la fréquence respiratoire du chiot (tableau 54) (Veronesi et al., 2009).

Tableau 54: Score APGAR modifié d’après Veronesi et al (2009), NeoCare, ENVT

Tableau : scoring APGAR adapté pour les chiots nouveau-nés

Électrocardiogramme : Chez le nouveau-né, l’onde QRS est dirigée cranialement, ventralement et vers la droite (Trautvetter et al., 1981).

Système respiratoire

Au moment de la rupture du cordon ombilical, les échanges de gaz avec le sang maternel via le placenta sont interrompus. L’hypoxie déclenche alors la respiration. En effet, la résistance des vaisseaux périphériques augmente et une pression négative se produit dans les voies respiratoires. Cela entraine un état de dyspnée qui provoque une contraction réflexe des muscles costaux et donc l’inspiration de l’air dans les poumons. La première inspiration permet de déployer le tissu alvéolaire du poumon. Elle est souvent plus forte que les suivantes (Rickard, 2011).

Le nouveau-né qui ne respire pas dans les 30 à 60 secondes suivant la naissance malgré stimulation nécessite une assistance.

La fréquence respiratoire normale à la naissance est plutôt basse, proche de 15 mouvements par minute (Root Kustritz, 2011a). Elle est ensuite de 20 à 30 mouvements par minutes dans les 24 premières heures de vie (Moon et al, 2001).

Dans les 5 minutes qui suivent la naissance, l’analyse des gaz sanguins révèle une hypoxémie et une acidose relatives (Moon et al., 2001) (tableau 59).

Tableau 59 : Evolution des valeurs des gaz du sang chez le chiot au cours des premières 24h de vie (Swanström and Bratteby, 1981)

Tableau : Evolution des valeurs des gaz du sang chez le chiot au cours des premières 24h de vie

Le nouveau-né est fréquemment en hypoxie. Cela peut s’expliquer par la compression dans l’utérus, une rupture prématurée du placenta ou une baisse de l’état général de la mère. Le nouveau-né tolère mal l’hypoxie car son cerveau n’est pas encore capable de s’adapter à une diminution de la pression en oxygène et ses poumons ne peuvent pas encore se gonfler en totalité si la production de surfactant n’est pas suffisante (Taboada et Turnwald, 2011).

Système urinaire

Au moment du part, le rein est encore à l’état de métanephros. Il est complètement immature et doit encore subir trois phases de développement pour être totalement formé vers l’âge de trois semaines (Casseleux, 2007). La maturation fonctionnelle sera, quant à elle, beaucoup plus longue. Les chiots ont donc une capacité limitée à concentrer ou diluer les urines en réponse à une modification du volume de fluide extracellulaire.

Une évolution des mécanismes de régulation intrinsèques du rein est observée chez le chiot, notamment en ce qui concerne le débit de filtration glomérulaire (DFG), le débit sanguin rénal et les flux d’eau et d’électrolytes. L’urémie et la créatininémie sont les valeurs les plus communément utilisées pour évaluer la santé du rein ainsi que l’indice de filtration glomérulaire. L’urémie augmente avec l’ingestion de nourriture mais reste un meilleur indicateur de dysfonctionnement rénal que le dosage de créatinine pendant la période néonatale (Von Dehn, 2014).

 

  • Hydratation

Le système rénal du chiot ne peut réabsorber que 20 à 50 % de l’eau réabsorbée par celui d’un adulte (Casseleux, 2007).

Les besoins hydriques sont de 120 à 180mL/kg/j à la naissance (cours de physiologie, ENVT, 2015).

L’état d’hydratation du chiot n’est pas évaluable à l’aide du temps de remplissage capillaire ou du pli de peau comme chez l’adulte car le nouveau-né a beaucoup moins de graisse sous-cutanée et la vascularisation de la peau n’est pas encore assez développée. Pour évaluer la déshydratation chez le nouveau-né, le mieux et de se fier à l’humidité des muqueuses. Les muqueuses buccales et oculaires doivent être humides. En cas de déshydratation, une coloration rouge plus foncée peut apparaitre sur la peau de l’abdomen ventral et le museau mais cela reste une mesure subjective.

On peut faire une mesure de densité urinaire au réfractomètre pour estimer l’état d’hydratation du chiot : la densité urinaire est très élevée à la naissance (1,027 à 1,035 selon Casseleux (2007)).

La couleur des urines permet aussi d’évaluer le niveau d’hydratation : l’urine normale est très diluée chez le nouveau-né, des urines jaunes foncées sont alors signe de déshydratation (Rickard, 2011).

 

  • Urémie et créatininémie

L’urémie est initialement proche des valeurs adultes (Rosset et al., 2012).

Chez les nouveau-nés de moins de 3 jours, la créatininémie est élevée, avec de grandes variations individuelles (Kruger et al., 2011).

Concernant les valeurs d’urémie et de créatininémie, elles sont été étudiées par plusieurs auteurs mais toutes les études aboutissent à des intervalles de référence significativement différents (Gorman, 2011; Moon et al., 2001; O’Brien et al., 2014; Rørtveit et al., 2015; Rosset et al., 2012).

 

  •  Débit de filtration glomérulaire

Le débit de filtration glomérulaire et l’excrétion tubulaire sont diminués à la naissance. L’autorégulation de la perfusion rénale et du débit de filtration glomérulaire chez le nouveau-né semble relativement inefficace en réponse à un changement rapide de la pression artérielle systémique(Casseleux, 2007). A la naissance, la pression artérielle systolique est basse (50-60mmHg) (Moon et al, 2001).

Dans les premières 24h, le débit de filtration glomérulaire est de 0,16mL/min/g de tissu rénal. A titre de comparaison, le DFG de l’adulte est en moyenne de 0,68mL/min/g. A ce même moment, le débit de perfusion du rein est de 0,70 mL/min/g alors qu’il est de 2,68mL/min/g chez l’adulte (Kleinman et Lubbe, 1972).

A la naissance, la filtration glomérulaire du chiot correspond à 21% de la capacité de filtration glomérulaire de l’adulte (Heller et Capek, 1965).

 

  • Equilibre électrolytique

Le maintien de l’équilibre électrolytique est assuré essentiellement par la filtration, la réabsorption et la sécrétion au niveau des tubules rénaux, en réponse à l’hydratation, à l’osmolarité et au pH. La natrémie semble relativement stable chez les chiots nouveau-nés et la capacité de réabsorption du sodium est similaire à celle de l’adulte. Cependant, les chiots de moins de 3 semaines semblent avoir une moindre capacité à excréter l’excès de sodium par rapport aux adultes. Chez les chiots, les concentrations sériques en sodium et chlorure sont légèrement plus basses que chez l’adulte dans les 6 premiers mois.

Des différences significatives de l’équilibre acido-basique existent également entre le chiot et le chien adulte. La capacité d’augmenter la synthèse rénale d’ammonium en réponse à un environnement acide est moindre chez le chiot (Root Kustritz, 2011a).

 

  • Analyse d’urine

La première miction doit avoir lieu dans les 24h suivant la naissance (Moon et al., 2001).

Pour prélever des urines pendant la période néonatale, on peut provoquer la miction en stimulant la zone génitale. Le minimal data-base d’une analyse d’urine sera alors constitué d’une mesure de la densité urinaire et d’une observation du culot (Root Kustritz, 2011a).

Une protéinurie physiologique pourra être observée au cours des premiers jours de vie. Des anticorps colostraux peuvent également être excrétés dans les urines.

Une réabsorption tubulaire incomplète du glucose est fréquemment observée chez le jeune, ce qui peut être corrélé à une plus grande proportion de néphrons immatures. Une glucosurie est détectée dans 50% des analyses d’urines chez des chiots de moins de 5 jours (Proffenbarger et al, 1990).

Pour des prélèvements réalisés lors des premières heures de vie, la densité urinaire est très élevée, évoluant entre des valeurs de 1,027 à 1,035 selon Casseleux (2007) alors que la densité urinaire est ensuite rapidement comprise entre 1,006 et 1,017 (Poffenbarger et al., 1990).

Il n’y a aucune différence significative concernant le pH urinaire selon l’âge des animaux. Celui-ci varie entre 6,5 et 8,0 (Casseleux, 2007).

Système nerveux

Les chiots naissent sourds mais sont capables d’émettre des sons pour communiquer avec leur mère. Leur répertoire vocal se compose, à la naissance de 3 sons de base : le geignement, le glapissement et le grognement-soupir (Giffroy, 1985). Ils sont aveugles : la rétine et le nerf optique (nerf crânial II, NC II) sont immatures et les paupières sont soudées.

Tableau 69 : Bilan des réflexes moteurs et sensoriels présents ou absents chez le chiot à la naissance. NC = Nerf Cranien

Tableau : Bilan des réflexes moteurs et sensoriels présents ou absents chez le chiot à la naissance

Évolution du comportement

Ici, les éléments « clés » du développement comportemental du chiot, souvent dépendants du développement de son système nerveux et de ses capacités cognitives, seront explicités sans s’attarder sur les facteurs environnementaux pouvant interférer avec son évolution.

Certains comportements semblent définir des « stades » au sein même de la période néonatale au sens large. On considérera la période néonatale au sens strict lorsque le nouveau-né est incapable de marcher, d’uriner ou de déféquer seul (jusqu’à environ 3 semaines), la période de détachement à partir du moment où les chiots commencent à se déplacer et s’éloigner un peu de la mère (jusqu’à environ 8 semaines) puis l’adolescence (du sevrage jusqu’à la puberté/taille adulte, de 6 à 15 mois selon les races) (Root Kustritz, 2011b).

Le sommeil représente 90% du temps de vie du chiot.

Un nouveau-né en bonne santé doit chercher les tétines et commencer à téter presque immédiatement après la mise-bas.

L’allaitement naturel a lieu simultanément pour toute la portée, jusqu’à 35 fois par vingt-quatre heures, à intervalles réguliers (Giffroy, 1985). Il est précédé d’une agitation générale de la portée. Lorsqu’un chiot se réveille, il s’agite, rampe sans direction particulière avec un mouvement pendulaire de la tête et crie, réveillant les autres chiots de la portée. Il parvient à la mamelle grâce au réflexe de fouissement. A cet âge, on pense qu’il n’existe pas de préférence, pour un chiot donné, à une mamelle précise (Pageat, 1998).

Peau et système musculo-squelettique

La radiographie osseuse est difficile à réaliser chez le nouveau-né, de par leur petite taille, mais aussi à cause du manque de données de référence et du manque relatif de minéralisation osseuse. Il est généralement recommandé de diminuer les kV de moitié par rapport aux valeurs utilisées chez un adulte pour la même taille ou d’utiliser 2 kVp par centimètre de tissu mou mesuré jusqu’à 40cm d’épaisseur pour obtenir des clichés interprétables. On observera physiologiquement la présence des cartilages de croissance et la non fermeture de certaines articulations chez le chiot (Root Kustritz, 2011a).

Même s’il n’est pas mobile, un nouveau-né en bonne santé doit avoir un bon tonus musculaire et ne doit pas se laisser aller lors des manipulations. Il doit être capable de redresser la tête à la naissance.

Les anomalies congénitales touchant le système musculo-squelettique les plus fréquentes sont l’hydrocéphalie, les fentes palatines, les anomalies des membres (touchant le squelette et/ou les muscles avec ankylose), la spina bifida (anomalie de fermeture de la colonne vertébrale) et la hernie ombilicale.

1ère Semaine

Chiot 1ère semaine

Croissance

Il est normal que les chiots perdent un peu de poids au cours des premières 24h, c’est essentiellement une perte d’eau et des premiers excréments, mais cette perte ne doit pas excéder 4% du poids de naissance (Mila et al., 2015). Au-delà, le pronostic vital devient réservé.

La croissance entre la naissance et l’âge de deux jours est un indicateur précieux de l’état de santé du chiot et de ses chances de survie jusqu’à 21 jours. Elle est évaluée par le taux de croissance précoce (en pourcentage) grâce à la formule :

[(Poids à l’âge de 2 jours – Poids de naissance) / Poids de naissance] x100

Une perte de 10 % du poids de naissance est considérée comme normale au cours des 2 premiers jours de vie mais il a été démontré récemment qu’un taux de croissance négatif au cours des deux premiers jours de vie est lié à un risque plus élevé de mortalité néonatale (sur les 21 premiers jours suivant la naissance). La valeur limite du taux de croissance précoce en deçà de laquelle le risque est augmenté est de  4 (Mila et al., 2015). Dans la population étudiée, près de 40 % des chiots présentant un retard de croissance sont morts au cours de la période néonatale, contre seulement 5 % des chiots présentant un taux de croissance positif. Globalement, 30% des chiots sont en déficit énergétique a l’issue des deux premiers jours de vie et sont donc à risque de mortalité néonatale. Une perte de poids au cours des 2 premiers jours peut indiquer une prise insuffisante de colostrum, essentiel pour le chien nouveau-né, à la fois en raison de son apport énergétique et du transfert d’immunité passive (Mila et al., 2015).

Le risque de décès est multiplié par 8 chez les chiots présentant une perte de poids ≥ 4 % entre les jours 0 et 2. Au-delà de 10% de perte de poids au cours des premières 48h, le pronostic vital devient réservé.

Les chiots doivent ensuite prendre 5 à 10% de leur poids chaque jour (figure 3). Au cours de la première semaine de vie, le besoin énergétique du chiot est de 133 calories/kg/jour en moyenne. Toute perte de poids après les 2 premiers jours doit être un signal pour consulter le vétérinaire et cela peut être un signe précoce de maladie : la perte de poids peut survenir 16h avant l’apparition des premiers symptômes (Root Kustritz, 2011). Une croissance insuffisante peut également témoigner d’une production de lait insuffisante de la mère, une supplémentation par du lait maternisé et/ou une stimulation de la lactogenèse sont alors à envisager (Chastant, 2020).

Dentition

Le chien, comme les autres mammifères, est une espèce diphyodonte, c’est-à-dire qui présente 2 dentitions : une dentition  déciduale de 28 dents et une dentition définitive de 42 dents, 20 à la mâchoire supérieure et 22 à la mâchoire inférieure. On peut parfois lire que la dentition de lait est composée de 32 dents, parce qu’on y ajoute les PM1(première paire de pré molaires) qui sont des dents de lait persistantes (Hawkins, 2001).

Les changements pendant la période pédiatrique sont surtout visibles au niveau des 6 incisives : 2 pinces (I1), 2 mitoyennes (I2), 2 coins (I3) (figure 9).

Figure 9: La denture du chiot (vue latérale de la bouche) ; I=incisives, C=canines, P=pré-molaires (Pollet, 2009)

Figure : La denture du chiot (vue latérale de la bouche)

Les chiots naissent dépourvus de dents et le restent jusqu’à l’âge de 3 semaines.

Température

La température corporelle normale chez le chiot au cours de la première semaine de vie est nettement inférieure à celle de l’adulte. Les nouveau-nés ne génèrent pas de chaleur par le mouvement et n’ont pas de réflexe de frissonnement avant le 6ème jour de vie. La température normale est comprise entre 35°C et 36°C au cours de la première semaine (Root Kustritz, 2011a).

Les structures cérébrales impliquées dans le maintien de la température corporelle étant immatures, le chiot est poïkilotherme. En réalité, il perçoit les variations de température mais n’est pas capable de réguler sa température corporelle. C’est grâce à l’existence d’un thermotactisme positif qu’il lui est possible de trouver les sources de chaleur indispensables au maintien de sa température corporelle et de sa survie (Beaver, 1982).

 

  • Hypothermie

Un chiot est considéré comme hypotherme lorsque sa température corporelle passe en dessous de 35,0°. La prise en charge doit alors être rapide, et le chiot nécessite d’être réchauffé progressivement (pas plus de 1°C par heure). La température extérieure doit également être augmentée pour l’aider à maintenir sa température corporelle. Une fluidothérapie avec du liquide tiède peut être envisagée (pas plus de 2°C de plus que la température du chiot) mais le nouveau-né hypothermique ne doit absolument pas être nourri par voie digestive (en raison de l’iléus paralytique associé).

Les chiots ayant des températures corporelles faibles (inférieures à 33°C) à J1 et J2 ont tous un GMQ (Gain Moyen Quotidien) inférieur à la moyenne, voire négatif (Catteau, 2014a). Les chiots ayant souffert d’hypothermie peuvent développer des anomalies neurologiques ou comportementales (Fox, 1963).

 

  • Hyperthermie

Le chiot nouveau-né peut ne pas générer une vraie fièvre en réponse aux agents pyrogènes pendant les premières semaines de vie tant que la thermorégulation n’est pas mise en place et qu’il n’y a pas de stock important de glycogène dans les muscles et le foie. C’est pourquoi sur un chiot de 1 ou 2 semaines, on doit considérer les maladies infectieuses même en l’absence de fièvre (Miller, 2011).

Cependant, si la température du chiot est supérieure à 38,5°C, il sera considéré comme hypertherme (Catteau, 2014a).

Paramètres hématologiques

Le volume sanguin du chiot est compris entre 50 et 80mL/kg de poids corporel (Root Kustritz, 2011a) et estimé à 68mL/kg en moyenne (Rosset et al., 2012). Pour que les analyses sanguines soient interprétables, il est important d’avoir une quantité de sang suffisante. Cette quantité dépend du tube de prélèvement utilisé, de l’analyseur et de l’analyse demandée. Les veines périphériques étant généralement trop petites, on privilégiera une prise de sang au niveau de la veine jugulaire, avec une aiguille de 22 ou 25 gauges et une seringue de 3mL. La quantité de sang prélevée ne doit pas dépasser 10% du volume sanguin par semaine, soit environ 0,7mL/100g de poids vif (Rickard, 2011).

Le minimal data-base recommandé pour le nouveau-né inclut un hématocrite et le dosage des protéines totales, du glucose sanguin et de l’urée (Root Kustritz, 2011a).

 

  • Lignée rouge

L’hématocrite décroit fortement dans les 3 premiers jours de vie (Harper et al., 2003; Rosset et al., 2012).

D’après Calvache (2008), l’analyse des différents résultats publiés sur le sujet montre que chez le chiot, les valeurs de la numération des globules rouges, d’hémoglobine et d’hématocrite sont inférieures aux valeurs usuelles de l’adulte entre 1 semaine et 3 mois.

Pour le VGM, les données sont comprises dans l’intervalle de référence adulte chez les chiots de 0 à 6 mois (Calvache, 2008).

Les chiots nouveau-nés présentent des globules rouges macrocytaires avec un volume corpusculaire moyen (VGM) élevé qui diminue au cours des premières semaines (Root Kustritz, 2011a). Les valeurs hématologiques du chiot à l’âge d’une semaine sont données dans le tableau 12.

Chez les chiots de moins de 4 mois, on observe une réponse régénérative supérieure à celle des adultes (Calvache, 2008; Root Kustritz, 2011b).

Tableau 12:  Lignée rouge chez le chiot à l’âge d’une semaine- valeurs hématologiques (Earl, 1973).

VGM : volume globulaire moyen ; CCMH : concentration corpusculaire moyenne en hémoglobine ; TCMH : teneur corpusculaire moyenne en hémoglobine ; GR : globules rouges. Les valeurs entre parenthèses sont des valeurs moyennes.

Tableau :  Lignée rouge chez le chiot à l’âge d’une semaine- valeurs hématologiques

 

 

  • Lignée blanche

La concentration de globules blancs, de neutrophiles et de lymphocytes diminuent au cours du premier mois de vie mais reste cependant supérieures aux valeurs usuelles rencontrées chez l’adulte. Cette leucocytose du jeune, incluant souvent une neutrophilie et une lymphocytose pourrait être une simple réponse aux nouvelles stimulations du système immunitaire naïf du chiot (von Dehn, 2014).  Les valeurs hématologiques de la lignée blanche sont présentées dans le tableau 13.

Tableau 13:  Lignée blanche chez le chiot âgé d’une semaine – valeurs hématologiques  (Earl, 1973).

VGM : volume globulaire moyen ; CCMH : concentration corpusculaire moyenne en hémoglobine ; TCMH : teneur corpusculaire moyenne en hémoglobine ; GB : globules blancs. Les valeurs entre parenthèses sont des valeurs moyennes

Tableau :  Lignée blanche chez le chiot âgé d’une semaine – valeurs hématologiques 

 

 

  • Plaquettes

À la fin de la première semaine, la concentration plaquettaire sanguine est comprise entre 282 et 560 x 103/µL, pour une valeur moyenne de 352 x 103/µL (Earl et al., 1973).

Les temps de coagulation sont généralement augmentés chez le nouveau-né. Le temps de prothrombine se normalise au cours de la première semaine. La concentration d’antithrombine est également diminuée à la naissance mais rejoint les valeurs adultes au bout d’une semaine (Root Kustritz, 2011a).

Système digestif

La flore intestinale des chiots nouveau-nés se développe progressivement au cours des premiers jours de vie, en fonction de leur environnement, de leur mère et de ce qu’ils ingèrent, jusqu’à former des populations stables de bactéries.

Les structures abdominales peuvent être palpées (rein gauche, intestins, colon et vessie). Le foie ne doit normalement pas être palpable et ne pas dépasser des dernières côtes. Un épanchement abdominal peut être physiologique chez 60% des chiots à 2 jours d’âge et l’origine du fluide n’est pas déterminée (Richard et Toniolo, 2019).

Avant 30 jours, la motilité du tractus digestif est réduite (Prendergast, 2011) et semble être contrôlée davantage par la distension que par une activité électrique dans les 40 premiers jours (Root Kustritz, 2011a).

L’interprétation des radiographies abdominales n’est pas toujours évidente de par la petite taille des animaux et le manque de données de référence sur certains organes spécifiques. De même, la réalisation d’une échographie abdominale peut s’avérer difficile chez le nouveau-né en fonction de sa taille.

Le système digestif du chiot est très fragile et facilement affecté par l’environnement, le régime alimentaire et les pathogènes car les défenses contre les infections sont réduites chez le nouveau-né. Tant que la production d’acides gastriques n’est pas complètement développée, l’acidité de l’estomac du chiot est inférieure à celle de l’adulte, ce qui diminue la barrière chimique et donc les défenses contre les agents pathogènes en permettant le développement d’un plus grand nombre de bactéries (Rickard, 2011).

La production de lipase pancréatique augmente durant les 3 premières semaines de vie, à mesure que le lait s’enrichit en matières grasses. Cette augmentation de production de lipase augmente l’épaisseur de la paroi intestinale. Le pancréas ne produit pas encore d’amylase mais le lait maternel contient cette amylase qui permet au nouveau-né de digérer les sucres du lait dans le tractus digestif  (Prendergast, 2011).

Les changements qui ont lieu au niveau du tractus digestif sont de toute évidence corrélés aux changements de composition et de volume de l’alimentation du nouveau-né. En effet, le colostrum est riche en protéines, immunoglobulines, hormones et autres substances qui favorisent le développement de la paroi intestinale. La capacité de l’intestin à absorber des macro-molécules diminue rapidement après la naissance (Hoskins, 2011b).

Système hépatobiliaire

Les structures abdominales peuvent être palpées mais le foie ne doit normalement pas être palpable et ne pas dépasser des dernières côtes.

Avant la naissance, le foie du chiot est court-circuité par la circulation placentaire grâce au canal veineux (ductus venosus). La fermeture fonctionnelle du canal veineux se fait progressivement au cours des 2ème et 3ème jours de vie et permet au sang de circuler dans cet organe de filtration dès les premiers jours de vie (Center, 2011).

 

  • Métabolisme du glucose

La concentration sanguine en glucose se stabilise dans les 3 premiers jours de vie (Root Kustritz, 2011a).

La glycémie des nouveau-nés est relativement aisée à mesurer : une goutte de sang prélevée à l’oreille suffit pour effectuer la mesure avec un appareil de mesure rapide à bandelette (Silverstein, 2009). Les valeurs observées pour le chiot d’une semaine sont données dans le tableau 33.

Tableau 33 : Intervalles de référence de la glycémie du chiot à l’âge d’une semaine (les valeurs entre parenthèses indiquent des valeurs médianes)

Tableau : Intervalles de référence de la glycémie du chiot à l’âge d’une semaine

Les chiots ont une mauvaise régulation de la glycémie par rapport aux adultes, ils mettent plus de temps à se remettre d’une hypo ou hyperglycémie, ce qui peut être dû à une insensibilité relative à l’insuline endogène ou, de manière plus générale, à une mauvaise réponse aux hormones de régulation. Le maintien de la glycémie est bien évidemment vital pour le développement neurologique et les nouveau-nés n’utilisent pas bien les autres sources d’énergie (lipides, acides-aminés). L’utilisation des lactates est largement préférentielle pour la glycogenèse chez le chiot, devant l’alanine ou la glutamine, et les lactates sont également utilisés en priorité comme substrat dans le cerveau d’un chiot hypoglycémique. Les corps cétoniques, qui pourraient être une source d’énergie alternative intéressante en cas de sous-nutrition, ne sont pas synthétisés en quantité suffisante chez le nouveau-né (Center, 2011).

Bien que la régulation de la glycémie s’améliore avec l’âge, avant l’âge de 4 mois les chiots peuvent être considérés comme prédisposés à l’hypoglycémie lors d’anorexie ou de déshydratation. Les signes cliniques d’hypoglycémie souvent observés sont les gémissements, l’abattement, les tremblements et le coma (Rickard, 2011).

 

  • Cholestérol et triglycérides

Une hypocholestérolémie modérée est fréquente chez des chiots de 1 à 3 jours (Center, 2011). Les valeurs obtenues par Moon et al (2001) et Gorman (2001) sont présentées dans le tableau 34.

Tableau 34 : Intervalles de référence de la cholestérolémie et de la triglycéridémie du chiot à l’âge d’une semaine

Tableau : Intervalles de référence de la cholestérolémie et de la triglycéridémie du chiot à l’âge d’une semaine

La capacité du foie du nouveau-né à synthétiser des triglycérides et le cholestérol étant plus faible que chez l’adulte, les lipides utilisés par les nouveau-nés proviennent essentiellement de l’alimentation. Chez le chiot, les concentrations en triglycérides et cholestérol sont maximales avant 8 semaines d’âge. (Hoskins, 2011).

 

  • Bilirubine

La capacité hépatique d’absorption, de conjugaison ou d’excrétion de bilirubine des nouveau-nés est remarquablement développée. Certains chiots présentent une bilirubinémie légèrement élevée et un sérum un peu ictérique pendant les 72 premières heures de vie (Center, 2011 ; Themes, 2016). Les valeurs obtenues par Moon et al (2001) et Gorman (2001) sont présentées dans le tableau 35.

Tableau 35 : Intervalles de référence de la bilirubinémie chez le chiot d’une semaine (les valeurs entre parenthèses indiquent des valeurs médianes).

Tableau : Intervalles de référence de la bilirubinémie chez le chiot d’une semaine

 

 

  • Acides biliaires

Le dosage des acides biliaires dans le sérum n’est pas un bon indicateur de la santé hépatique pendant la période néonatale. La concentration en acides biliaires mesurée chez des chiots d’un jour et chez des chiots d’une semaine se trouve dans les intervalles de référence de l’adulte (Center, 2011).

 

  • Albumine et protéines totales

La concentration plasmatique ou sérique de protéines totales ou d’albumine chez le chiot de moins de 4 semaines peuvent être en dessous des valeurs usuelles chez l’adulte. Ces valeurs sont données dans le tableau 36.

Tableau 36 : Intervalles de référence de la protéinémie et de l’albuminémie du chiot à l’âge d’une semaine (les valeurs entre parenthèses indiquent des valeurs médianes)

Tableau : Intervalles de référence de la protéinémie et de l’albuminémie du chiot à l’âge d’une semaine

 

 

  • Activité des enzymes hépatiques

Chez les nouveau-nés de 1 à 3 jours, l’activité des PAL peut être plus de 30 fois supérieure aux valeurs de l’adulte, du fait de la forte teneur en PAL du colostrum. Ainsi, la mesure de l’activité enzymatique des PAL dans le sérum ou le plasma au cours de la première semaine de vie permet d’obtenir des informations importantes sur la prise colostrale et le transfert d’anticorps colostraux associé. De la même manière, l’activité des GGT peut également être utilisée comme marqueur de l’ingestion de colostrum, avec une valeur quasiment 100 fois supérieure aux valeurs de l’adulte (Center, 1991 ; Hoskins, 2011). Une augmentation de l’activité des PAL et GGT dans le sérum n’a donc aucune valeur diagnostique au cours des 2 premières semaines de vie (Hoskins, 2011)

Des différences de valeurs observées entre les adultes et les chiots reflètent une plus faible capacité fonctionnelle du foie chez le chiot pouvant être liée à la maturation des voies métaboliques, à la croissance, à une différence de volume de distribution, de composition corporelle ou de nutrition. L’activité de la phosphatase alcaline (PAL), l’aspartate aminotransférase (ASAT), la γ-glutamyltransferase (GGT), la créatine kinase (CK) et la lactate déshydrogénase (LDH) augmente modérément au cours de la première semaine de vie. L’activité de l’alanine aminotransférase (ALAT) est quant à elle plus faible en début de vie (von Dehn, 2014). Ces différentes valeurs sont présentées dans le tableau 37. Les valeurs de référence de l’adulte en fonction des différents auteurs sont données à titre informatif dans le tableau 32.

Tableau 37 : Intervalles de référence de l’activité des enzymes hépatiques du chiot à l’âge d’une semaines (Les valeurs entre parenthèses indiquent des valeurs médianes)

Tableau : Intervalles de référence de l’activité des enzymes hépatiques du chiot à l’âge d’une semaines

Système cardio-vasculaire

Après la naissance, le volume systolique du ventricule gauche augmente par rapport à celui du ventricule droit. En comparaison à l’adulte, les nouveau-nés ont une pression artérielle, un volume systolique et une résistance vasculaire périphérique plus faibles mais une fréquence cardiaque, un débit cardiaque, un volume plasmatique et une pression veineuse plus élevés (Moon et al., 2001).

La fréquence cardiaque (FC) normale d’un chiot est de 220 battements par minute (bpm) en moyenne au cours de la première semaine de vie (tableau 54). Le rythme des battements et la petite taille des nouveau-nés rend l’auscultation difficile. Dans les 4 à 5 premiers jours, les chiots répondent à l’hypoxémie par la bradycardie et l’hypotension. La fréquence cardiaque peut alors atteindre 45 bpm et la pression artérielle peut descendre jusqu’à 23mmHg. De manière plus générale, la bradycardie (FC<150 bpm) au cours des 5 premiers jours est une indication d’hospitalisation et est très souvent associée à de l’hypoxémie (Moon et al., 2001).

La fermeture du canal artériel sera complète entre 2 et 5 jours après la naissance. En cas de fermeture incomplète, et donc de persistance du canal aortique, on entendra un bruit surajouté caractéristique à l’auscultation et on pourra réaliser une échocardiographie pour confirmer le diagnostic.

L’innervation autonome du cœur et des vaisseaux est incomplète, rendant la régulation via le baroréflexe moins efficace que chez l’adulte. La contractilité du myocarde n’est pas totalement développée non plus, ce qui limite la capacité d’adaptation cardiaque en cas d’hémorragie, d’hyperthermie ou de déséquilibre acido-basique. Le chiot a un rythme sinusal régulier non associé à la respiration car les réflexes vagaux ne se développent pas avant l’âge de 8 semaines environ (Bright, 2011 ; Rickard, 2011).

Des souffles cardiaques de grade I à III sont souvent observés mais sans incidence car uniquement causés par une augmentation du débit sanguin dans l’aorte ou l’artère pulmonaire ou l’évolution des cloisonnements embryologiques du cœur.  Cependant, un souffle cardiaque de grade VI/VI est plus souvent dû à une anomalie cardiaque congénitale et peut être révélateurs de pathologies cardiaques majeures. On observera alors d’autres signes tels que la non-concordance du pouls fémoral avec le choc précordial, des muqueuses pâles ou cyanosées, une distension veineuse, de l’ascite ou une hépatomégalie (Root Kustritz, 2011a).

L’électrocardiogramme (ECG) est rarement réalisé chez les nouveau-nés mais les arythmies et problèmes de conductivité ou de potentiel d’excitation cardiaque peuvent être identifiés chez les très jeunes animaux. Il n’y a pas d’études sur l’évaluation de la taille du cœur et l’échocardiographie est difficile à réaliser sur de si petits animaux, à cause du manque de sondes appropriées et du manque de données bibliographiques et de références.

Électrocardiogramme : L’onde QRS se dirige progressivement vers la gauche, en restant crâniale et ventrale. L’amplitude de l’onde QRS est plus faible que chez l’adulte (Trautvetter et al., 1981).

Système respiratoire

Au cours du premier jour, la fréquence respiratoire augmente jusqu’à 20-30 mouvements par minute (Root Kustritz, 2011a) puis diminue ensuite entre 10 et 18 mouvements par minute après 24h de vie (Poffenbarger et al., 1990).

Dans les 4 à 5 premiers jours, les chiots répondent à l’hypoxémie par la bradycardie et l’hypotension.

Système urinaire

Au moment du part, le rein est encore à l’état de métanephros. Il est complètement immature et doit encore subir trois phases de développement pour être totalement formé vers l’âge de trois semaines (Casseleux, 2007). La maturation fonctionnelle sera, quant à elle, beaucoup plus longue. Les chiots ont donc une capacité limitée à concentrer ou diluer les urines en réponse à une modification du volume de fluide extracellulaire.

Une évolution des mécanismes de régulation intrinsèques du rein est observée chez le chiot, notamment en ce qui concerne le débit de filtration glomérulaire (DFG), le débit sanguin rénal et les flux d’eau et d’électrolytes. L’urémie et la créatininémie sont les valeurs les plus communément utilisées pour évaluer la santé du rein ainsi que l’indice de filtration glomérulaire. L’urémie augmente avec l’ingestion de nourriture mais reste un meilleur indicateur de dysfonctionnement rénal que le dosage de créatinine pendant la période néonatale (Von Dehn, 2014).

 

  • Hydratation

Les besoins hydriques sont de 40 à 100mL/kg/j pour un chiot d’une semaine (cours de physiologie, ENVT, 2015)

 

  • Urémie et créatininémie

L’urémie est proche des valeurs adultes jusqu’à 2 semaines (von Dehn, 2014).

Concernant les valeurs d’urémie et de créatininémie, elles sont été étudiées par plusieurs auteurs mais toutes les études aboutissent à des intervalles de référence significativement différents (Gorman, 2011; Moon et al., 2001; O’Brien et al., 2014; Rørtveit et al., 2015; Rosset et al., 2012).

 

  • Débit de filtration glomérulaire

Le débit de filtration glomérulaire est de 0,13 mL par minute et par gramme de tissu rénal chez le chiot de 2 jours (Heller et Capek, 1965 ; Hoster et Valtin, 1971).

 

  • Equilibre électrolytique

La natrémie semble relativement stable chez les chiots nouveau-nés et la capacité de réabsorption du sodium est similaire à celle de l’adulte. Cependant, les chiots semblent avoir une capacité moindre à excréter l’excès de sodium par rapport aux adultes. Chez les chiots, les concentrations sériques en sodium et chlorure sont légèrement plus basses que chez l’adulte (tableau 61).

Tableau 60: Intervalles de référence du sodium, du potassium et des chlorures chez le chiot d’une semaine, d’après O’Brien et al, 2014

Tableau : Intervalles de référence du sodium, du potassium et des chlorures chez le chiot d’une semaine

 

 

  • Analyse d’urine

Pour prélever des urines pendant la période néonatale, on peut provoquer la miction en stimulant la zone génitale. Le minimal data-base d’une analyse d’urine sera alors constitué d’une mesure de la densité urinaire et d’une observation du culot (Root Kustritz, 2011a).

Une protéinurie physiologique pourra être observée au cours des premiers jours de vie. Des anticorps colostraux peuvent également être excrétés dans les urines. Une réabsorption tubulaire incomplète du glucose est fréquemment observée chez le jeune, ce qui peut être corrélé à une plus grande proportion de néphrons immatures. Une glucosurie est détectée dans 50% des analyses d’urines chez des chiots de moins de 5 jours (Poffenbarger et al, 1990)

La densité urinaire pendant cette période est comprise entre 1,006 et 1,017 (Poffenbarger et al., 1990).

Il n’y a aucune différence significative concernant le pH urinaire selon l’âge des animaux. Celui-ci varie entre 6,5 et 8,0 (Casseleux, 2007).

Système nerveux

L’examen neurologique est difficile à réaliser et interpréter chez le nouveau-né, compte tenu de l’immaturité du système nerveux et de certains organes sensoriels. De même, des tests plus poussés comme le BAER (Brainstem Auditory Evoked Response), ou Potentiels Evoqués Auditifs en français, permettant d’évaluer la fonction auditive ou l’électro-encéphalogramme (EEG) ne peuvent pas être interprétés de façon objective pendant la période néonatale (Root Kustritz, 2011a).

Certaines capacités, sensorielles ou motrices, n’apparaissent qu’au fur et à mesure de la maturation du système nerveux (Fox, 1964).

L’examen du système nerveux et les tests des différents réflexes sont présentés dans l’annexe 5.

Des électroencéphalogrammes réguliers, qui correspondent à des enregistrements de l’activité électrique du cortex ne montrent pas de différence entre les phases de sommeil et de veille durant la première semaine de vie. Le tracé observé ressemble à celui d’un sommeil paradoxal permanent. Il traduit une activité prédominante de faible amplitude et de fréquence variable (Vastrade, 1986).

 

  • Développement moteur

Pour évaluer la compétence motrice, on peut évaluer la capacité du nouveau-né à se redresser quand on le place sur le dos et le réflexe d’enracinement, c’est-à-dire le réflexe qu’a le nouveau-né à pousser avec le museau lorsqu’on encercle ce dernier avec nos doigts (Root Kustritz, 2011a) (Tableau 70).

Le réflexe de retrait doit être présent mais peut être un peu plus long que chez l’adulte.

Lorsqu’ils sont manipulés, les chiots présentent une dominance des réflexes fléchisseurs jusqu’à 4 jours, ce qui signifie que lorsqu’on les tient par la peau du cou, ils ont tendance à s’enrouler sur eux-mêmes au lieu de s’étendre. Entre 5 et 21 jours, les réflexes extenseurs deviennent dominants, et les chiots ont alors tendance à étendre leur colonne vertébrale et les membres postérieurs lorsqu’ils sont saisis par la peau du cou.

L’appareil locomoteur se développe fortement au cours de cette période : d’abord capables de reptation pour chercher les mamelles de leur mère, les chiots deviennent capables de soutenir leur corps (Fox, 1963). Des différences existent néanmoins entre les races : dès 2 jours, les chiots Husky peuvent se déplacer sur leurs pattes alors qu’il faut attendre 15 jours pour observer le même résultat chez les Labradors (Feddersen-Petersen, 2004).

 

  • Développement sensoriel

Les chiots seront réceptifs à différents stimuli comme la douleur, le froid, les odeurs ou le toucher et présentent un important réflexe de succion.

Des réflexes innés sont présents comme (Fox, 1963) :

– le réflexe de fouissement qui permet au chiot, par thermotactisme positif, de trouver la mamelle. Le chiot n’étant pas capable de maintenir sa température interne, ce réflexe lui permet de capter la chaleur et de conserver une température de survie ;

– le réflexe de pétrissement : le pédalage des antérieurs favorise la sécrétion de lait ;

– le réflexe labial est déclenché lorsque l’on stimule tactilement les lèvres du chiot. Il est associé au réflexe de succion et de déglutition ;

– le réflexe périnéal est déclenché par la mère (toutes les 3 ou 4 heures) lors du léchage du ventre ou de la zone périnéale du chiot. Il permet la miction et la défécation.

– Le réflexe contraction palpébrale : la maturité des nerfs trijumeau (nerf cranial V) et facial (nerf cranial VII) donne lieu, après stimulation de l’angle palpébral, à un réflexe purement sensitif de contraction palpébrale (Imbert, 1979).

– Le réflexe de clignement à la lumière, de nature sous corticale, lié aux nerfs optique (nerf cranial II) et facial (nerf cranial VII), peut être observé entre le deuxième et le quatrième jour. Une lumière vive placée en face provoque une contraction lente de la paupière (Imbert, 1979).

Les chiots sont sourds mais sont capables d’émettre des sons pour communiquer avec leur mère. Le geignement évolue, au cours de la première semaine, en jappement (Giffroy, 1985). Ils sont aveugles : la rétine et le nerf optique (nerf cranial II) sont immatures et les paupières sont soudées.

Tableau 70 : Bilan des réflexes moteurs et sensoriels présents chez le chiot à l’âge d’une semaine. NC = Nerf cranien

Tableau : Bilan des réflexes moteurs et sensoriels présents chez le chiot à l’âge d’une semaine

Évolution du comportement

Ici, les éléments « clés » du développement comportemental du chiot, souvent dépendants du développement de son système nerveux et de ses capacités cognitives, seront explicités sans s’attarder sur les facteurs environnementaux pouvant interférer avec son évolution.

Certains comportements semblent définir des « stades » au sein même de la période néonatale au sens large. On considérera la période néonatale au sens strict lorsque le nouveau-né est incapable de marcher, d’uriner ou de déféquer seul (jusqu’à environ 3 semaines), la période de détachement à partir du moment où les chiots commencent à se déplacer et s’éloigner un peu de la mère (jusqu’à environ 8 semaines) puis l’adolescence (du sevrage jusqu’à la puberté/taille adulte, de 6 à 15 mois selon les races) (Root Kustritz, 2011b).

Les nouveau-nés passent la majorité de leur temps à dormir au cours des premières semaines de vie. Ils se regroupent autour de la mère ou entre eux mais ne s’éloignent pas de la portée. Les chiots sont immatures à la naissance et entièrement dépendants de leur mère qui les nourrit, les maintient au chaud et stimule leur comportement éliminatoire (Bendaoud-Joubert, 2018).

Le répertoire vocal du chiot est constitué de 3 sons principaux. Chaque son est adapté à la situation : les geignements constituent souvent une demande de soin (faim, froid…). Les glapissements sont plutôt émis dans les situations de détresse, de peur ou de douleur (lorsque la mère écrase ses petits ou quand elle s’éloigne du nid). Les grognements et soupirs signifient une certaine satisfaction, après la tétée par exemple (Giffroy, 1985).

Peau et système musculo-squelettique

La radiographie osseuse est difficile à réaliser chez le nouveau-né, de par leur petite taille, mais aussi à cause du manque de données de référence et du manque relatif de minéralisation osseuse. Il est généralement recommandé de diminuer les kV de moitié par rapport aux valeurs utilisées chez un adulte pour la même taille ou d’utiliser 2 kVp par centimètre de tissu mou mesuré jusqu’à 40cm d’épaisseur pour obtenir des clichés interprétables. On observera physiologiquement la présence des cartilages de croissance et la non fermeture de certaines articulations chez le chiot (Root Kustritz, 2011a).

 

  • Tonus musculaire et mobilité

Le nouveau-né doit essayer de se hisser sur ses membres antérieurs ou de pousser sur ses membres postérieurs dans les 10 premiers jours. Le chiot commence à essayer de marcher à environ 14 jours. Les chiots plus grands ou plus lourds pourront mettre un peu plus de temps avant de commencer à se déplacer (Root Kustritz, 2011a).

 

  • Calcium et phosphore

Le calcium et le phosphore sont importants pour une bonne croissance osseuse mais aussi pour la contraction musculaire. La concentration sanguine en calcium est très élevée chez les chiots de moins de 8 semaines et redescend jusqu’à atteindre les valeurs de l’adulte vers 1 an.

 

  • Cartilage de croissance et ossification

Les os des chiots sont généralement moins minéralisés que ceux des adultes. Ils présentent des zones de croissance métaphysaires, un cartilage parfois plus épais et de nombreux centres d’ossification secondaires mais cela est physiologique. Ces centres d’ossification apparaissent au cours de la croissance, plus ou moins tôt selon l’os considéré.

Les os d’un très jeune animal (moins de 2 mois) peuvent apparaitre comme irréguliers, notamment au niveau des métaphyses qui sont un site actif de remodelage. Cette zone est appelée « zone de réduction » et a une surface périostée rugueuse et irrégulière. Une ligne radio-transparente est visible entre la métaphyse et l’épiphyse et peut mimer une ligne de fracture ou un espace articulaire. Ces lignes vont se réduire au cours de la croissance jusqu’à ce que l’épiphyse et la métaphyse fusionnent pour former une cicatrice radio-opaque.

Les espaces articulaires semblent plus larges chez le jeune animal puisque le cartilage apparait comme un tissu mou de même opacité que le liquide synovial et que la capsule articulaire mais en réalité, les espaces articulaires ne sont pas plus grands. En cas de doute sur l’opacité des tissus mous sur les radiographies, il faut penser à radiographier le membre opposé à titre comparatif (J. Hoskins, 2001).

De par la diversité entre les races canines, entre les portées et entre les individus, il est très difficile d’établir un tableau de valeurs de référence pour toutes les données osseuses. L’idéal, lorsque les clichés concernent les membres de l’animal, est la comparaison avec le membre opposé et de garder les clichés de l’animal pour suivre l’évolution entre 2 examens (J. Hoskins, 2001).

Les tableaux suivants serviront de référence pour l’âge d’apparition et de fermeture des différents foyers d’ossification (tableaux 66, 67 et 68).

Tableau 66 : Age d’apparition et de fermeture des centres d’ossification des os des membres thoraciques du chiot, d’après Hoskins, 2001

Tableau : Age d’apparition et de fermeture des centres d’ossification des os des membres thoraciques du chiot

 

 

Tableau 67 : Age d’apparition et de fermeture des centres d’ossification des os des membres pleviens du chiot, d’après Hoskins, 2001

Tableau : Age d’apparition et de fermeture des centres d’ossification des os des membres pelviens du chiot

 

 

Tableau 68 : Age d’apparition et de fermeture des centres d’ossification des os du bassin du chiot, d’après Hoskins, 2001

Tableau : Age d’apparition et de fermeture des centres d’ossification des os du bassin du chiot

 

2ème Semaine

chiot 2 semaines

Croissance

Si on rapporte le poids du chiot à son poids de naissance, selon le format racial, le poids est doublé entre 9 et 13 jours de vie. Un taux de croissance plus lent est observé chez les grandes races ou races géantes par rapport aux races médium ou petites (Lecarpentier and Martinez, 2017).

Dentition

Le chien, comme les autres mammifères, est une espèce diphyodonte, c’est-à-dire qui présente 2 dentitions : une dentition  déciduale de 28 dents et une dentition définitive de 42 dents, 20 à la mâchoire supérieure et 22 à la mâchoire inférieure. On peut parfois lire que la dentition de lait est composée de 32 dents, parce qu’on y ajoute les PM1(première paire de pré molaires) qui sont des dents de lait persistantes (Hawkins, 2001).

Les changements pendant la période pédiatrique sont surtout visibles au niveau des 6 incisives : 2 pinces (I1), 2 mitoyennes (I2), 2 coins (I3) (figure 9).

Figure 9: La denture du chiot (vue latérale de la bouche) ; I=incisives, C=canines, P=pré-molaires (Pollet, 2009)

Figure : La denture du chiot (vue latérale de la bouche)

Les chiots naissent dépourvus de dents et le restent jusqu’à l’âge de 3 semaines.

Les dents commencent à apparaitre vers 3 semaines. D’abord des dents déciduales qui seront remplacées au fur et à mesure par des dents définitives. La dentition pourra alors être utilisée pour estimer l’âge des chiots en fonction de l’éruption des dents.

 

Le tableau 6 nous donne l’âge d’apparition des premières dents.

Tableau 6: Date d’apparition des dents déciduales chez le chiot au cours du 1er mois de vie  (Pollet, 2009)

Tableau : Date d’apparition des dents déciduales chez le chiot au cours du 1er mois de vie

Il y a des variations entre les grandes et les petites races, chez lesquelles l’apparition des dents est respectivement plus avancée et plus retardée (Pollet, 2009).

Température

Au cours de la seconde et troisième semaine de vie, la température normale est comprise entre 37°C et 38,2°C. En dessous de 34,4°C, on observe un arrêt complet du transit (Root Kustritz, 2011a).

Durant les deux premières semaines de vie, les structures cérébrales impliquées dans le maintien de la température corporelle étant immatures, le chiot est poïkilotherme. En réalité, il perçoit les variations de température mais n’est pas capable de réguler sa température corporelle. C’est grâce à l’existence d’un thermotactisme positif qu’il lui est possible de trouver les sources de chaleur indispensables au maintien de sa température corporelle et de sa survie (Beaver, 1982).

Paramètres hématologiques

  • Lignée rouge

Les chiots nouveau-nés présentent des globules rouges macrocytaires avec un volume corpusculaire moyen (VGM) élevé qui diminue au cours des premières semaines (Root Kustritz, 2011a). Les valeurs hématologiques de la lignée rouge sont présentées dans le tableau 14.

D’après Calvache (2008), l’analyse des différents résultats publiés sur le sujet montre que chez le chiot, les valeurs de la numération des globules rouges, d’hémoglobine et d’hématocrite sont inférieures aux valeurs usuelles de l’adulte entre 1 semaine et 3 mois.

Pour le VGM, les données sont comprises dans l’intervalle de référence adulte chez les chiots de 0 à 6 mois (Calvache, 2008).

Chez les chiots de moins de 4 mois, on observe une réponse régénérative supérieure à celle des adultes (Calvache, 2008; Root Kustritz, 2011b).

Tableau 14:  Lignée rouge chez le chiot âgé de 2 semaines – valeurs hématologiques (Earl, 1973).

VGM : volume globulaire moyen ; CCMH : concentration corpusculaire moyenne en hémoglobine ; TCMH : teneur corpusculaire moyenne en hémoglobine ; GR : gobules rouges. Les valeurs entre parenthèses sont des valeurs moyennes.

Tableau :  Lignée rouge chez le chiot âgé de 2 semaines – valeurs hématologiques

 

 

  • Lignée blanche

La concentration de globules blancs, de neutrophiles et de lymphocytes diminuent au cours du premier mois de vie mais reste cependant supérieures aux valeurs usuelles rencontrées chez l’adulte.  Cette leucocytose du jeune, incluant souvent une neutrophilie et une lymphocytose pourrait être une simple réponse aux nouvelles stimulations du système immunitaire naïf du chiot (von Dehn, 2014).  Les valeurs hématologiques de la lignée blanche sont présentées dans le tableau 15.

Tableau 15: Valeurs hématologiques de la lignée blanche chez le chiot de 2 semaines en bonne santé (Earl, 1973).

VGM : volume globulaire moyen ; CCMH : concentration corpusculaire moyenne en hémoglobine ; TCMH : teneur corpusculaire moyenne en hémoglobine. Les valeurs entre parenthèses sont des valeurs moyennes

Tableau : Valeurs hématologiques de la lignée blanche chez le chiot de 2 semaines en bonne santé (Earl, 1973).

 

 

  • Plaquettes

A la fin de la 2ème semaine, la concentration plaquettaire sanguine est comprise entre 210 et 352 x 103/µL, pour une valeur moyenne de 290 x 103/µL (Earl et al., 1973).

Système digestif

La flore intestinale des chiots nouveau-nés se développe progressivement au cours des premières semaines de vie, en fonction de leur environnement, de leur mère et de ce qu’ils ingèrent, jusqu’à former des populations stables de bactéries.

Les structures abdominales peuvent être palpées (rein gauche, intestins, colon et vessie). Le foie ne doit normalement pas être palpable et ne pas dépasser des dernières côtes. Un épanchement abdominal est observé chez 50% des chiots à 14 jours de vie mais l’origine du fluide n’est pas déterminée (Richard et Toniolo, 2019).

Avant 30 jours, la motilité du tractus digestif est réduite (Prendergast, 2011) et semble être contrôlée davantage par la distension que par une activité électrique dans les 40 premiers jours (Root Kustritz, 2011a).

L’interprétation des radiographies abdominales n’est pas toujours évidente de par la petite taille des animaux et le manque de données de référence sur certains organes spécifiques. De même, la réalisation d’une échographie abdominale peut s’avérer difficile chez le nouveau-né en fonction de sa taille.

Le système digestif du chiot est très fragile et facilement affecté par l’environnement, le régime alimentaire et les pathogènes car les défenses contre les infections sont réduites chez le nouveau-né. Tant que la production d’acides gastriques n’est pas complètement développée, l’acidité de l’estomac du chiot est inférieure à celle de l’adulte, ce qui diminue la barrière chimique et donc les défenses contre les agents pathogènes en permettant le développement d’un plus grand nombre de bactéries. (Rickard, 2011).

La production de lipase pancréatique augmente durant les 3 premières semaines de vie, à mesure que le lait s’enrichit en matières grasses. Cette augmentation de production de lipase augmente l’épaisseur de la paroi intestinale. Le pancréas ne produit pas encore d’amylase mais le lait maternel contient cette amylase qui permet au nouveau-né de digérer les sucres du lait dans le tractus digestif (Prendergast, 2011). Les valeurs observées par Rortveit et al en 2015 sont données à titre indicatif dans le tableau 26.

Tableau 26: Valeurs de l’activité des enzymes pancréatiques relevées chez le chiot de 2 semaines, d’après Rortveit et al, 2015

Tableau : Valeurs de l’activité des enzymes pancréatiques relevées chez le chiot de 2 semaines

Système hépatobiliaire

Les structures abdominales peuvent être palpées mais le foie ne doit normalement pas être palpable et ne pas dépasser des dernières côtes. Un épanchement abdominal peut-être physiologique chez les très jeunes animaux et l’origine du fluide n’est pas déterminée.

 

  •  Métabolisme du glucose

La glycémie des nouveau-nés est relativement aisée à mesurer : une goutte de sang prélevée à l’oreille suffit pour effectuer la mesure avec un appareil de mesure rapide à bandelette (Silverstein, 2009). Les valeurs obtenues sont présentées dans le tableau 38.

Tableau 38 : Intervalles de référence de la glycémie du chiot à l’âge de 2 semaines (les valeurs entre parenthèses indiquent des valeurs médianes)

Tableau : Intervalles de référence de la glycémie du chiot à l’âge de 2 semaines

Les chiots ont une mauvaise régulation de la glycémie par rapport aux adultes, ils mettent plus de temps à se remettre d’une hypo ou hyperglycémie, ce qui peut être dû à une insensibilité relative à une mauvaise réponse aux hormones de régulation. Les nouveau-nés n’utilisent pas bien les autres sources d’énergie (lipides, acides-aminés). Le maintien de la glycémie est bien évidemment vital pour le développement neurologique. Bien que la régulation de la glycémie s’améliore avec l’âge, avant l’âge de 4 mois les chiots peuvent être considérés comme prédisposés à l’hypoglycémie lors d’anorexie ou de déshydratation. Les signes cliniques d’hypoglycémie souvent observés sont les gémissements, l’abattement, les tremblements et le coma (Rickard, 2011).

 

  • Cholestérol et triglycérides

La capacité du foie à synthétiser des triglycérides et le cholestérol étant plus faible chez le chiot, les lipides utilisés par les nouveau-nés proviennent essentiellement de l’alimentation (Hoskins, 2011). Les valeurs observées sont données dans le tableau 39.

Tableau 39 : Intervalles de référence de la cholestérolémie et de la triglycéridémie du chiot à l’âge de 2 semaines (les valeurs entre parenthèses indiquent des valeurs médianes).

Tableau : Intervalles de référence de la cholestérolémie et de la triglycéridémie du chiot à l’âge de 2 semaines

 

 

  • Bilirubine

La bilirubinémie se stabilise dans l’intervalle de référence de l’adulte au cours des 2 premières semaines de vie (Center, 2011).

 

  • Acides biliaires

Le dosage des acides biliaires dans le sérum n’est pas un bon indicateur de la santé hépatique pendant la période néonatale. La concentration en acides biliaires mesurée chez des chiots de 2 semaines se trouve dans les intervalles de référence de l’adulte (Center, 2011).

 

  • Albumine et protéines totales

L’albuminémie et la protéinémie augmentent progressivement mais restent en dessous des valeurs usuelles observées chez le chien adulte (tableau 40 et 41).

Tableau 40 : Intervalles de référence de la protéinémie et de l’albuminémie du chiot à l’âge de deux  semaines (les valeurs entre parenthèses indiquent des valeurs médianes)

Tableau : Intervalles de référence de la protéinémie et de l’albuminémie du chiot à l’âge de deux  semaines

 

 

Tableau 41 : Intervalles de référence de la protéinémie et de l’albuminémie du chient adulte selon les différents auteurs

Tableau : Intervalles de référence de la protéinémie et de l’albuminémie du chient adulte selon les différents auteurs

 

 

  • Activité des enzymes hépatiques

Des différences de valeurs observées entre les adultes et les chiots reflètent une plus faible capacité fonctionnelle du foie pouvant être liée à la maturation des voies métaboliques, à la croissance, à une différence de volume de distribution, de composition corporelle ou de nutrition. L’activité de la phosphatase alcaline (PAL), l’aspartate aminotransférase (ASAT), la γ-glutamyltransferase (GGT), la créatine kinase (CK) et la lactate déshydrogénase (LDH) augmente jusqu’à 10 à 14 jours de vie. L’activité de l’alanine aminotransférase est quant à elle plus faible en début de vie (von Dehn, 2014). Les valeurs observées sont données dans le tableau 42 pour le chiot âgé de 2 semaines et dans le tableau 32 pour l’adulte.

Tableau 42 : Intervalles de référence de l’activité des enzymes hépatiques du chiot à l’âge de 2 semaines (Les valeurs entre parenthèses indiquent des valeurs médianes)

Tableau : Intervalles de référence de l’activité des enzymes hépatiques du chiot à l’âge de 2 semaines

 

Système cardio-vasculaire

En comparaison à l’adulte, les nouveau-nés ont une pression artérielle, un volume systolique et une résistance vasculaire périphérique plus faibles mais une fréquence cardiaque, un débit cardiaque, un volume plasmatique et une pression veineuse plus élevés. Le rythme cardiaque moyen est de 212 bpm au cours de la 2ème semaine de vie (Moon et al., 2001).

L’innervation autonome du cœur et des vaisseaux est incomplète, rendant la régulation via le baroréflexe moins efficace que chez l’adulte. La contractilité du myocarde n’est pas totalement développée non plus, ce qui limite la capacité d’adaptation cardiaque en cas d’hémorragie, d’hyperthermie ou de déséquilibre acido-basique. Le chiot a un rythme sinusal régulier non associé à la respiration car les réflexes vagaux ne se développent pas avant l’âge de 8 semaines environ (Bright, 2011 ; Rickard, 2011).

Des souffles cardiaques de grade I à III sont souvent observés mais sans incidence car uniquement causés par une augmentation du débit sanguin dans l’aorte ou l’artère pulmonaire ou l’évolution des cloisonnements embryologiques du cœur.  Cependant, un souffle cardiaque de grade VI/VI est plus souvent dû à une anomalie cardiaque congénitale et peut être révélateurs de pathologies cardiaques majeures. On observera alors d’autres signes tels que la non-concordance du pouls fémoral avec le choc précordial, des muqueuses pâles ou cyanosées, une distension veineuse, de l’ascite ou une hépatomégalie (Root Kustritz, 2011a).

Électrocardiogramme : L’onde QRS se dirige progressivement vers la gauche, en restant crâniale et ventrale. L’amplitude de l’onde QRS est plus faible que chez l’adulte (Trautvetter et al., 1981).

Système respiratoire

La fréquence respiratoire reste supérieure à celle de l’adulte au cours de la 2ème semaine de vie. On observe en effet un rythme de 18 à 36 mouvements respiratoires par minute (Poffenbarger et al., 1990).

Système urinaire

  • Urémie et créatininémie

L’urémie est proche des valeurs adultes jusqu’à 2 semaines (von Dehn, 2014).

Concernant les valeurs d’urémie et de créatininémie, elles sont été étudiées par plusieurs auteurs mais toutes les études aboutissent à des intervalles de référence significativement différents (Gorman, 2011; Moon et al., 2001; O’Brien et al., 2014; Rørtveit et al., 2015; Rosset et al., 2012).

 

  • Equilibre électrolytique

La natrémie semble relativement stable chez les chiots nouveau-nés et la capacité de réabsorption du sodium est similaire à celle de l’adulte. Cependant, les chiots de moins de 3 semaines semblent avoir une capacité moindre à excréter l’excès de sodium par rapport aux adultes. Chez les chiots, les concentrations sériques en sodium et chlorure sont légèrement plus basses que chez l’adulte dans les 6 premiers mois (tableau 62).

La kaliémie est quant à elle inférieure aux valeurs de référence entre 2 et 4 semaines. Ce qui pourrait être expliqué par la présence de pompes Na/K dans les érythrocytes du chiot conduisant à une plus forte concentration en potassium intracellulaire. Ces pompes disparaissent rapidement après la naissance chez la majorité des races, exceptées les Akitas, Jindos et Shibas japonais qui ont donc par la suite une plus grande concentration de potassium intracellulaire (Kruger et al., 2011).

Tableau 61: Intervalles de référence du sodium, du potassium et des chlorures chez le chiot âgé de 2 semaines

Tableau : Intervalles de référence du sodium, du potassium et des chlorures chez le chiot âgé de 2 semaines

 

 

  • Analyse d’urine

Pour prélever des urines pendant la période néonatale, on peut provoquer la miction en stimulant la zone génitale. Le minimal data-base d’une analyse d’urine sera alors constitué d’une mesure de la densité urinaire et d’une observation du culot (Root Kustritz, 2011a).  La densité urinaire est comprise entre 1,006 et 1,017 (Proffenbarger et al, 1990).

Une protéinurie physiologique pourra être observée au cours des premiers jours de vie. Des anticorps colostraux peuvent également être excrétés dans les urines.

Une réabsorption tubulaire incomplète du glucose est fréquemment observée chez le jeune, ce qui peut être corrélé à une plus grande proportion de néphrons immatures. Une glucosurie est détectée dans 50% des analyses d’urines chez des chiots de moins de 5 jours (Proffenbarger et al, 1990).

Il n’y a aucune différence significative concernant le pH urinaire selon l’âge des animaux. Celui-ci varie entre 6,5 et 8,0 (Casseleux, 2007).

Système nerveux

L’encéphale, et en particulier le cortex, se développent très rapidement après la naissance. Ce développement concerne d’abord le lobe occipital, qui porte notamment les aires visuelles. Quant au lobe frontal, portant les aires sensorielles et motrices, il se développe moins vite (Fox et Med, 1968).

  • Développement moteur

La myélinisation assure une propagation plus rapide et plus efficace de l’influx nerveux et la corticalisation permet l’apparition des contrôles supérieurs ; par conséquent, on voit apparaître des réponses de type volontaire chez le nouveau-né à partir de la 2ème semaine de vie (Fox, 1966).

Le réflexe de soutien donne au chiot la capacité de tenir son corps. Il apparaît entre le sixième et le dixième jour au niveau des membres antérieurs, comme si le chiot tractait son train arrière. Puis, il apparaît entre le onzième et le quinzième jour au niveau des membres postérieurs (Fox, 1963).

Entre 5 et 21 jours, les réflexes extenseurs deviennent dominants, et les chiots ont alors tendance à étendre leur colonne vertébrale et les membres postérieurs lorsqu’ils sont saisis par la peau du cou.

  • Développement sensoriel

La deuxième semaine de vie est marquée par le fort développement de l’olfaction entre le 8ème et le 13ème jour, ce qui va permettre au chiot de découvrir son environnement grâce à l’odorat dans un premier temps (Lord, 2013).

Généralement, les paupières se séparent entre le 5ème et le 14ème jour de vie mais le chiot ne distingue pas encore les formes. Le test de Shirmer peut être réalisé à partir de ce moment. Après l’ouverture des paupières, un œdème de la cornée peut être présent pendant 2 à 3 semaines. La couleur de l’iris évolue, et devient parfois définitive seulement après la période néonatale. Dès l’ouverture des yeux, le réflexe cornéen est présent. Le réflexe de clignement à la menace apparait entre le 10ème et le 21ème jour. Le réflexe photomoteur est absent (Vastrade, 1986)(Tableau 71).

Le canal auriculaire, clos à la naissance, s’ouvre entre le 6ème et le 14ème jour de vie mais le chiot est encore sourd. L’examen des oreilles est souvent limité par la petite taille du canal et la présence de débris épithéliaux (Root Kustritz, 2011).

La date d’ouverture des yeux et l’acquisition de l’audition varient d’une race à l’autre. Par exemple, les Cockers ouvrent leurs yeux autour du 14ème jour de vie contre seulement 11 % des Fox terriers au même âge. Pour l’audition, les deux races sont classées en sens inverse: au même âge, 61 % des Cockers répondent au réflexe de sursautement contre 100 % chez les Fox (Scott et Fuller, 1965).

Les réflexes innés présents dès la première semaine de vie tendent à diminuer au profit de mouvements volontaires plus complexes comme remuer la queue ou faire des petits sauts (Fox, 1965).

Ce n’est que vers la fin de la deuxième semaine que les modifications comportementales sont accompagnées de modifications de l’électroencéphalogramme (Beaver, 1982).

Tableau 71 : Bilan des réflexes moteurs et sensoriels présents chez le chiot à l’âge de 2 semaines. NC = Nerf cranien

Tableau : Bilan des réflexes moteurs et sensoriels présents chez le chiot à l’âge de 2 semaines

 

Évolution du comportement

Les nouveau-nés passent la majorité de leur temps à dormir au cours des premières semaines de vie. Ils se regroupent autour de la mère ou entre eux mais ne s’éloignent pas de la portée. Les chiots sont immatures à la naissance et entièrement dépendants de leur mère qui les nourrit, les maintient au chaud et stimule leur comportement éliminatoire (Bendaoud-Joubert, 2018).

Le répertoire vocal du chiot est constitué de 3 sons principaux. Chaque son est adapté à la situation : les geignements constituent souvent une demande de soin (faim, froid…). Les glapissements sont plutôt émis dans les situations de détresse, de peur ou de douleur (lorsque la mère écrase ses petits ou quand elle s’éloigne du nid). Les grognements et soupirs signifient une certaine satisfaction, après la tétée par exemple (Giffroy, 1985).

Peau et système musculo-squelettique

  • Tonus musculaire et mobilité

Le nouveau-né doit essayer de se hisser sur ses membres antérieurs ou de pousser sur ses membres postérieurs dans les 10 premiers jours. Le chiot commence à essayer de marcher à environ 14 jours. Les chiots plus grands ou plus lourds pourront mettre un peu plus de temps avant de commencer à se déplacer (Root Kustritz, 2011a).

 

  • Calcium et phosphore

Le calcium et le phosphore sont importants pour une bonne croissance osseuse mais aussi pour la contraction musculaire. La concentration sanguine en calcium est très élevée chez les chiots de moins de 8 semaines et redescend jusqu’à atteindre les valeurs de l’adulte vers 1 an.

 

  • Cartilage de croissance et ossification

Les os des chiots sont généralement moins minéralisés que ceux des adultes. Ils présentent des zones de croissance métaphysaires, un cartilage parfois plus épais et de nombreux centres d’ossification secondaires mais cela est physiologique. Ces centres d’ossification apparaissent au cours de la croissance, plus ou moins tôt selon l’os considéré.

Les os d’un très jeune animal (moins de 2 mois) peuvent apparaitre comme irréguliers, notamment au niveau des métaphyses qui sont un site actif de remodelage. Cette zone est appelée « zone de réduction » et a une surface périostée rugueuse et irrégulière. Une ligne radio-transparente est visible entre la métaphyse et l’épiphyse et peut mimer une ligne de fracture ou un espace articulaire. Ces lignes vont se réduire au cours de la croissance jusqu’à ce que l’épiphyse et la métaphyse fusionnent pour former une cicatrice radio-opaque.

Les espaces articulaires semblent plus larges chez le jeune animal puisque le cartilage apparait comme un tissu mou de même opacité que le liquide synovial et que la capsule articulaire mais en réalité, les espaces articulaires ne sont pas plus grands. En cas de doute sur l’opacité des tissus mous sur les radiographies, il faut penser à radiographier le membre opposé à titre comparatif (J. Hoskins, 2001).

De par la diversité entre les races canines, entre les portées et entre les individus, il est très difficile d’établir un tableau de valeurs de référence pour toutes les données osseuses. L’idéal, lorsque les clichés concernent les membres de l’animal, est la comparaison avec le membre opposé et de garder les clichés de l’animal pour suivre l’évolution entre 2 examens (J. Hoskins, 2001).

Les tableaux suivants serviront de référence pour l’âge d’apparition et de fermeture des différents foyers d’ossification (tableaux 66, 67 et 68).

Tableau 66 : Age d’apparition et de fermeture des centres d’ossification des os des membres thoraciques du chiot, d’après Hoskins, 2001

Tableau : Age d’apparition et de fermeture des centres d’ossification des os des membres thoraciques du chiot

 

 

Tableau 67 : Age d’apparition et de fermeture des centres d’ossification des os des membres pleviens du chiot, d’après Hoskins, 2001

Tableau : Age d’apparition et de fermeture des centres d’ossification des os des membres pelviens du chiot

 

 

Tableau 68 : Age d’apparition et de fermeture des centres d’ossification des os du bassin du chiot, d’après Hoskins, 2001

Tableau : Age d’apparition et de fermeture des centres d’ossification des os du bassin du chiot

 

1er Mois

chiot 1 mois

Croissance

Le poids du chiot est multiplié par 4 entre la naissance et 25-30 jours de vie selon le format racial (figures 3), (Lecarpentier et Martinez, 2017) .

On calcule le taux de croissance (en pourcentage) du chiot entre Ja et Jb grâce à la formule :

Taux de croissance entre Ja et Jb = [(Poids à Jb – Poids à Ja)/Poids à Ja] x100

Le taux de croissance médian entre 7 et 21 jours est de l’ordre de 110% (Tableau 2) (Belin, 2013; Lecarpentier et Martinez, 2017).

Un taux de croissance plus lent est observé chez les grandes races ou races géantes par rapport aux races médium ou petites (figure 6)

Figure 6 : Evolution du poids au cours des 21 premiers jours de vie chez les chiots de petit format (A), de format moyen (B) et de grand format (C)  (NeoCare, ENVT)

Figure : Evolution du poids au cours des 21 premiers jours de vie chez les chiots de petit format (A), de format moyen (B) et de grand format (C) 

 

Tableau 2 :  Taux de croissance (en % du poids en début de période) par race et par période entre 0 et 21 jours (n = 4159)(nt = non traité) (Lecarpentier et Martinez, 2017)

Tableau :  Taux de croissance (en % du poids en début de période) par race et par période entre 0 et 21 jours

 

Dentition

Le chien, comme les autres mammifères, est une espèce diphyodonte, c’est-à-dire qui présente 2 dentitions : une dentition  déciduale de 28 dents et une dentition définitive de 42 dents, 20 à la mâchoire supérieure et 22 à la mâchoire inférieure. On peut parfois lire que la dentition de lait est composée de 32 dents, parce qu’on y ajoute les PM1(première paire de pré molaires) qui sont des dents de lait persistantes (Hawkins, 2001).

Les changements pendant la période pédiatrique sont surtout visibles au niveau des 6 incisives : 2 pinces (I1), 2 mitoyennes (I2), 2 coins (I3) (figure 9).

Figure 9: La denture du chiot (vue latérale de la bouche) ; I=incisives, C=canines, P=pré-molaires (Pollet, 2009)

Figure : La denture du chiot (vue latérale de la bouche) 

Les chiots naissent dépourvus de dents et le restent jusqu’à l’âge de 3 semaines.

Les dents commencent à apparaitre vers 3 semaines. D’abord des dents déciduales qui seront remplacées au fur et à mesure par des dents définitives. La dentition pourra alors être utilisée pour estimer l’âge des chiots en fonction de l’éruption des dents.

Le tableau 6 nous donne l’âge d’apparition des premières dents.

 

Tableau 6: Date d’apparition des dents déciduales chez le chiot au cours du 1er mois de vie  (Pollet, 2009)

Tableau : Date d’apparition des dents déciduales chez le chiot au cours du 1er mois de vie

Il y a des variations entre les grandes et les petites races, chez lesquelles l’apparition des dents est respectivement plus avancée et plus retardée (Pollet, 2009).

Température

À partir de l’âge de 3 semaines, la thermorégulation devient totalement efficace et l’intervalle de référence pour les températures du chiot devient le même que celui de l’adulte (Mueggler et al., 1979).

En période néonatale, les chiots présentent des épisodes d’hypothermie mais pas d’hyperthermie. L’hyperthermie apparaît à partir de l’âge de 21 jours (Catteau, 2014).

Le tableau 8 présente les températures usuelles chez le chiot au cours du premier mois.

Tableau 8: Température normale du chiot entre 0 et 4 semaines (Rickard, 2011)

Tableau : Température normale du chiot entre 0 et 4 semaines

 

 

Le format racial a une influence sur ces températures pendant les 3 premières semaines de vie du chiot (figure 11) (Catteau, 2014a).

Figure 11 : Evolution de la température en fonction du format racial pendant les 3 premières semaines (n=347) ; petites races n=141, races moyennes n=72, grandes races n=134 (Catteau, 2014)

Figure : Evolution de la température en fonction du format racial pendant les 3 premières semaines

 

 

La température augmente au cours du temps. Elle ne se stabilise pas avant 2 mois d’âge (figure 12 et tableau 9). Il n’y a pas de différence de température rectale significative observée entre les mâles et les femelles (Catteau, 2014a).

Figure 12: Evolution de la température rectale de la naissance à l’âge de 2 mois  (n=437) (Catteau, 2014)

Figure : Evolution de la température rectale de la naissance à l’âge de 2 mois

 

Tableau 9: Evolution de la température rectale de la naissance au sevrage (n=437) (Catteau, 2014)

Tableau : Evolution de la température rectale de la naissance au sevrage

Le format racial a une influence sur la température pendant la période pédiatrique (de 21 jours à 2 mois) : la température des chiots de petites races est en moyenne supérieure à celle des chiot de grande race. La différence est de l’ordre de 0,2°C (Catteau, 2014).

Paramètres hématologiques

  • Lignée rouge

Les chiots nouveau-nés présentent des globules rouges macrocytaires avec un volume corpusculaire moyen (CMH) élevé qui diminue jusqu’à la valeur adulte atteinte à 4 semaines d’âge. Ceci correspond au remplacement des globules rouges fœtaux par des globules rouges adultes (Root Kustritz, 2011a). Les valeurs hématologiques de la lignée rouge sont présentées dans le tableau 16.

D’après Calvache (2008), l’analyse des différents résultats publiés sur le sujet montre que chez le chiot, les valeurs de la numération des globules rouges, d’hémoglobine et d’hématocrite sont inférieures aux valeurs usuelles de l’adulte entre 1 semaine et 3 mois.

Pour le VGM, les données sont comprises dans l’intervalle de référence adulte chez les chiots de 0 à 6 mois (Calvache, 2008).

Chez les chiots de moins de 4 mois, on observe une réponse régénérative supérieure à celle des adultes (Calvache, 2008; Root Kustritz, 2011b).

Tableau 16: Lignée rouge chez le chiot âgé de 4 semaines – valeurs hématologiques (Earl, 1973).

VGM : volume globulaire moyen ; CCMH : concentration corpusculaire moyenne en hémoglobine ; TCMH : teneur corpusculaire moyenne en hémoglobine ; GR : globules rouges. Les valeurs entre parenthèses sont des valeurs moyennes.

Tableau : Lignée rouge chez le chiot âgé de 4 semaines – valeurs hématologiques

 

 

  • Lignée blanche

La concentration de globules blancs, de neutrophiles et de lymphocytes diminuent au cours du premier mois de vie. (von Dehn, 2014).  Les valeurs hématologiques de la lignée blanche sont présentées dans le tableau 17.

Tableau 17: Lignée blanche chez le chiot âgé de 4 semaines – valeurs hématologiques (Earl, 1973).

VGM : volume globulaire moyen ; CCMH : concentration corpusculaire moyenne en hémoglobine ; TCMH : teneur corpusculaire moyenne en hémoglobine ; GB : globules blancs. Les valeurs entre parenthèses sont des valeurs moyennes.

Tableau : Lignée blanche chez le chiot âgé de 4 semaines – valeurs hématologiques

 

 

  • Plaquettes

Après 4 semaines, la concentration plaquettaire sanguine est comprise entre 130 et 360 x 103/µL, pour une valeur moyenne de 287 x 103/µL (Earl et al., 1973).

Système digestif

La flore intestinale des chiots nouveau-nés se développe progressivement au cours des premières semaines de vie, en fonction de leur environnement, de leur mère et de ce qu’ils ingèrent, jusqu’à former des populations stables de bactéries.

Les structures abdominales peuvent être palpées (rein gauche, intestins, colon et vessie). Le foie ne doit normalement pas être palpable et ne pas dépasser des dernières côtes. Un épanchement abdominal est observé chez 28% des chiots à 35 jours de vie mais l’origine du fluide n’est pas déterminée (Richard et Toniolo, 2019).

L’interprétation des radiographies abdominales n’est pas toujours évidente de par la petite taille des animaux et le manque de données de référence sur certains organes spécifiques. De même, la réalisation d’une échographie abdominale peut s’avérer difficile chez le nouveau-né en fonction de sa taille.

Avant 30 jours, la motilité du tractus digestif est réduite (Prendergast, 2011) et semble être contrôlée davantage par la distension que par une activité électrique dans les 40 premiers jours (Root Kustritz, 2011a).

Le système digestif du chiot est très fragile et facilement affecté par l’environnement, le régime alimentaire et les pathogènes car les défenses contre les infections sont réduites chez le nouveau-né. Tant que la production d’acides gastriques n’est pas complètement développée, l’acidité de l’estomac du chiot est inférieure à celle de l’adulte, ce qui diminue la barrière chimique et donc les défenses contre les agents pathogènes en permettant le développement d’un plus grand nombre de bactéries. (Rickard, 2011).

La production de lipase pancréatique augmente durant les 3 premières semaines de vie, à mesure que le lait s’enrichit en matières grasses. Cette augmentation de production de lipase augmente l’épaisseur de la paroi intestinale, ce qui facilite la transition vers une alimentation de plus en plus solide. Le nouveau-né commence à produire de l’amylase pancréatique à partir de 21 jours (Prendergast, 2011). Le pancréas est alors capable de produire les enzymes et facteurs antimicrobiens nécessaires et les colonies bactériennes présentent dans le tractus digestif pourront se stabiliser pour former la flore digestive (Hoskins, 2011a). Les valeurs observées par Rortveit et al en 2015 sont données à titre indicatif dans le tableau 27.

Tableau 27: Valeurs de l’activité des enzymes pancréatiques observées chez le chiot âgé d’un mois, d’après Rortveit et al, 2015

Tableau : Valeurs de l’activité des enzymes pancréatiques observées chez le chiot âgé d’un mois

 

 

À partir de 3 à 4 semaines, les chiots peuvent commencer à manger des croquettes humidifiées. Le lait couvre encore leurs besoins hydriques mais l’eau peut également être introduite progressivement. Les besoins nutritionnels du chiot en croissance sont (Cours d’alimentation, ENVT, 2016) (Annexe 3) :

Les besoins nutritionnels du chiot en croissance

 

Système hépatobiliaire

Les structures abdominales peuvent être palpées maisle foie ne doit normalement pas être palpable et ne pas dépasser des dernières côtes. Un épanchement abdominal peut être physiologique chez les très jeunes animaux et l’origine du fluide n’est pas déterminée.

Chez la plupart des chiens, si la fermeture fonctionnelle du canal veineux se fait progressivement au cours des 2èmeet 3èmejours de vie, lafermeture morphologique complète a lieu entre 1 et 3 mois, laissant place à une fine bande fibreuse, le « ligament veineux » qui traverse le foie (Center, 2011).

 

  • Métabolisme du glucose

La glycémie des chiots est relativement aisée à mesurer : une goutte de sang prélevée à l’oreille suffit pour effectuer la mesure avec un appareil de mesure rapide à bandelette (Silverstein, 2009). Les valeurs observées chez le chiot sont données dans le tableau 42.

Tableau 43 : Intervalles de référence de la glycémie du chiot à l’âge d’un mois (les valeurs entre parenthèses indiquent des valeurs médianes)

Tableau : Intervalles de référence de la glycémie du chiot à l’âge d’un mois

 

Les chiots ont unemauvaise régulation de la glycémiepar rapport aux adultes, ils mettent plus de temps à se remettre d’une hypo ou hyperglycémie, ce qui peut être dû à une insensibilité relative à l’insuline endogène ou, de manière plus générale, à une mauvaise réponse aux hormones de régulation. Les nouveau-nés n’utilisent pas bien les autres sources d’énergie (lipides, acides-aminés). Le maintien de la glycémie est bien évidemment vital pour le développement neurologique. Bien que la régulation de la glycémie s’améliore avec l’âge, avant l’âge de 4 mois les chiots peuvent être considérés commeprédisposés à l’hypoglycémie lors d’anorexie ou de déshydratation. Les signes cliniques d’hypoglycémie souvent observés sont les gémissements, l’abattement, les tremblements et le coma (Rickard, 2011).

 

  • Cholestérol et triglycérides

La concentration sanguine en cholestérol se normalise au niveau des valeurs usuelles adultes entre 2 et 4 semaines et on peut alors se fier aux intervalles de référence de l’adulte (Center, 2011).

La capacité du foie à synthétiser des triglycérides et le cholestérol étant plus faible chez le chiot, les lipides utilisés par les nouveau-nés proviennent essentiellement de l’alimentation (Hoskins, 2011). Les valeurs observées sont données dans le tableau 44.

Tableau 44 : Intervalles de référence de la cholestérolémie et de la triglycéridémie du chiot à l’âge d’un mois (les valeurs entre parenthèses indiquent des valeurs médianes).

Tableau : Intervalles de référence de la cholestérolémie et de la triglycéridémie du chiot à l’âge d’un mois

 

  • Bilirubine

La bilirubinémie du chiot est comparable à celle de l’adulte (Center, 2011).

 

  • Acides biliaires

Le dosage des acides biliairesdans le sérumn’est pas un bon indicateur de la santé hépatique pendant la période néonatale. La concentration en acides biliaires dosée chez des chiots de 4 semaines se trouve dans les intervalles de référence de l’adulte. L’utilisation des tables de références adultes pour le dosage des acides biliaires pour l’analyse des fonctions hépatiques et hépatobiliaires est donc possible chez le chiot à partir de 4 semaines. Il est recommandé de comparer les valeurs en période pré et post prandiale plutôt que de ne faire qu’une analyse à un moment donné, en raison des variations physiologiques de ces paramètres (Hoskins, 2011b).

 

  • Albumine et protéines totales

L’albuminémie et la protéinémie tendent à se rapprocher des valeurs usuelles observées chez le chien adulte (tableau 45). Les valeurs de référence de l’adulte sont données à titre informatif dans le tableau 41.

Tableau 45 : Intervalles de référence de la protéinémie et de l’albuminémie du chiot à l’âge d’un mois  (les valeurs entre parenthèses indiquent des valeurs médianes).

Tableau : Intervalles de référence de la protéinémie et de l’albuminémie du chiot à l’âge d’un mois

 

  • Activité des enzymes hépatiques

Les valeurs observées pour l’activité des enzymes hépatiques tendent à se rapprocher des valeurs usuelles de l’adulte (tableau 46). Les valeurs de référence de l’adulte sont données à titre informatif dans le tableau 32.

Tableau 46 : Intervalles de référence de l’activité des enzymes hépatiques du chiot à l’âge d’un mois (Les valeurs entre parenthèses indiquent des valeurs médianes)

Tableau : Intervalles de référence de l’activité des enzymes hépatiques du chiot à l’âge d’un mois

Système cardio-vasculaire

En comparaison à l’adulte, les nouveau-nés ont une pression artérielle, un volume systolique et une résistance vasculaire périphérique plus faibles mais une fréquence cardiaque, un débit cardiaque, un volume plasmatique et une pression veineuse plus élevés (Moon et al., 2001).

Tableau 55: Rythme cardiaque et valeurs moyennes des pressions artérielles et veineuses chez le chiot d’un mois, d’après Moon et al, 2001 et Brigh, 2011.

Tableau : Rythme cardiaque et valeurs moyennes des pressions artérielles et veineuses chez le chiot d’un mois

 

L’innervation autonome du cœur et des vaisseaux est incomplète, rendant la régulation via le baroréflexe moins efficace que chez l’adulte. La contractilité du myocarde n’est pas totalement développée non plus, ce qui limite la capacité d’adaptation cardiaque en cas d’hémorragie, d’hyperthermie ou de déséquilibre acido-basique. Le chiot a un rythme sinusal régulier non associé à la respiration car les réflexes vagaux ne se développent pas avant l’âge de 8 semaines environ (Bright, 2011 ; Rickard, 2011).

Des souffles cardiaques de grade I à III sont souvent observés mais sans incidence car uniquement causés par une augmentation du débit sanguin dans l’aorte ou l’artère pulmonaire ou l’évolution des cloisonnements embryologiques du cœur.  Cependant, un souffle cardiaque de grade VI/VI est plus souvent dû à une anomalie cardiaque congénitale et peuvent être révélateurs de pathologies cardiaques majeures. On observera alors d’autres signes tels que la non-concordance du pouls fémoral avec le choc précordial, des muqueuses pâles ou cyanosées, une distension veineuse, de l’ascite ou une hépatomégalie (Root Kustritz, 2011a).

Électrocardiogramme : L’onde QRS se dirige progressivement vers la gauche, en restant crâniale et ventrale (Trautvetter et al., 1981).

Système respiratoire

La fréquence respiratoire du chiot devient similaire à celle de l’adulte dès la 4ème semaine de vie. L’auscultation pulmonaire s’en trouve facilitée (Taboada and Turnwald, 2011). A l’âge d’un mois la fréquence respiratoire du chiot est comprise entre 20 et 30 mouvements par minutes (Moon et al, 2001).

La radiographie thoracique reste un examen difficile à mettre en place à cause de la petite taille des chiots et du manque de données sur les jeunes animaux. Les radiographies sont alors interprétées comme celles de l’adulte. Le lavage trachéal et les autres méthodes de collecte d’échantillon pour mise en culture ou cytologie peuvent être pratiquées comme chez l’adulte (Root Kustritz, 2011a).

Système urinaire

  • Urémie et créatininémie

L’urémie est initialement proche des valeurs adultes jusqu’à 2 semaines puis diminue  entre l’âge de 2 semaines et 3 mois. Une hypothèse à ce faible taux d’urée sanguine chez le jeune serait l’augmentation de la synthèse protéique sous l’influence des hormones de croissance ou l’augmentation du débit de filtration glomérulaire en réponse à une augmentation du métabolisme général. Une diminution progressive de la créatininémie est observée entre 28 et 33 jours d’âge. (Von Dehn, 2014).

Les valeurs d’urémie et de créatininémie ont été étudiées par plusieurs auteurs mais toutes les études aboutissent à des intervalles de référence significativement différents (Gorman, 2011; Moon et al., 2001; O’Brien et al., 2014; Rørtveit et al., 2015; Rosset et al., 2012).

 

  • Débit de filtration glomérulaire

Le débit de filtration glomérulaire et le flux sanguin rénal augmentent de façon importante au cours du premier mois de vie du chiot. Le débit de filtration glomérulaire sera multiplié par 7, et le flux sanguin rénal par 4 au cours du premier mois de vie.,Le débit de filtration glomérulaire est alors en moyenne de 0,34 mL/min/g de tissu rénal pour un débit de perfusion rénale de 1,80mL/min/g (Kleinman et Lubbe, 1972).

Au cours du développement, l’augmentation de la pression artérielle et la diminution de la résistance vasculaire entrainent nécessairement une augmentation de la perfusion rénale et du débit de filtration glomérulaire. En effet, chez le chiot, le système rénine-angiotensine semble inefficace jusqu’à 6 semaines environ, et le débit sanguin rénal est directement corrélé à la pression artérielle, ce qui n’est pas le cas chez l’adulte (Heller et Capek, 1965 ; Hoster et Valtin, 1971).

Au cours du premier mois, le système rénal du chiot ne peut récupérer que 20 à 50 % de l’eau récupérée par celui d’un adulte (Kleinman et Lubbe, 1972).

 

  • Equilibre électrolytique

La natrémie semble relativement stable chez les chiots nouveau-nés et la capacité de réabsorption du sodium est similaire à celle de l’adulte. Cependant, les chiots de moins de 3 semaines semblent avoir une capacité moindre à excréter l’excès de sodium par rapport aux adultes. Chez les chiots, les concentrations sériques en sodium et chlorure sont légèrement plus basses que chez l’adulte (tableau 63).

Tableau 62: : Intervalles de référence du sodium, du potassium et des chlorures chez le chiot âgé d’un mois

Tableau : : Intervalles de référence du sodium, du potassium et des chlorures chez le chiot âgé d’un mois

 

 

  • Analyse d’urine

Pour prélever des urines pendant la période néonatale, on peut provoquer la miction en stimulant la zone génitale. Une fois que le chiot urine par lui-même, le prélèvement peut se faire par miction spontanée ou cystocentèse. Le minimal data-base d’une analyse d’urine sera alors constitué d’une mesure de la densité urinaire et d’une observation du culot (Root Kustritz, 2011a). La densité urinaire est comprise entre 1,006 et 1,017 (Proffenbarger et al, 1990)

La protéinurie et la glucosurie ne doivent plus être observées après 3 semaines de vie(Root Kustritz, 2011a).

Il n’y a aucune différence significative concernant le pH urinaire selon l’âge des animaux. Celui-ci varie entre 6,5 et 8,0 (Casseleux, 2007).

Système nerveux

  • Développement moteur

Entre 5 et 21 jours, les réflexes extenseurs deviennent dominants, et les chiots ont alors tendance à étendre leur colonne vertébrale et les membres postérieurs lorsqu’ils sont saisis par la peau du cou. Le sens tactile perd de son importance et certains réflexes primaires, comme le réflexe de fouissement ou le réflexe labial, tendent à disparaître (Pageat, 1998).

Au 21ème jour, le chiot est capable de se tenir debout (Vastrade, 1986). Au cours de la 4ème semaine de vie, les chiots commencent à avoir des mouvements coordonnés et à se déplacer (Lord, 2013).

 

  • Développement sensoriel

La 4ème semaine de vie est marquée par le développement de l’audition : le chiot devient capable de répondre aux sons vers le 19ème jour de vie en moyenne, avec peu de variations entre les races. L’apparition du réflexe de sursautement, entre le 18ème et le 21ème jour, signe l’achèvement du développement du cortex temporal et la mise en place d’une audition fonctionnelle. Ce réflexe de sursautement se caractérise par une réaction généralisée du chiot lorsque celui-ci est soumis à un bruit de forte intensité. Le chien présente alors une flexion de la tête et du cou, une abduction de membres et une fermeture des paupières (Giffroy, 1985; Vastrade, 1986).

De même, la vision devient fonctionnelle à partir du 25ème jour de vie en moyenne, mais avec une variation interraciale plus importante : par exemple, le Berger allemand semble repérer les signaux lumineux quelques jours plus tôt que le Border collie. Le chiot distingue des formes et peut s’orienter visuellement mais la vision ne sera mature que vers l’âge de 6 semaines (Fox et Med, 1968). L’immaturité histologique de la rétine, qui ne sera complètement formée que vers 4 semaines, explique que, dans un premier temps, la réponse pupillaire à la lumière soit lente et hésitante et la vision non totalement fonctionnelle (Beaver, 1982 ; Giffroy, 1985 ; Pageat, 1998). Les réflexes photomoteurs se mettent en place vers 18 jours (Vastrade, 1986)(Tableau 72).

Au cours de la période appelée « période de transition », qui commence à l’ouverture des paupières et se termine lorsque l’audition est fonctionnelle, les vocalises se structurent et les premiers sons mixtes, obtenus par superposition, sont entendus. Les grognements et les aboiements font leur apparition dans le répertoire vocal du chiot vers la fin de cette période de transition (Pageat, 1998).

Tableau 72 : Bilan des réflexes moteurs et sensoriels présents chez le chiot à l’âge d’un mois. NC = Nerf crânien

Tableau : Bilan des réflexes moteurs et sensoriels présents chez le chiot à l’âge d’un mois

Évolution du comportement

  • Activité

Au cours de la 4ème semaine, les chiots commencent à avoir des mouvements coordonnés et à se déplacer (Lord, 2013).

Au réveil, les chiots passent la majorité de leur temps à explorer et jouer (Giffroy, 1985). Le nombre de jeux augmente fortement à partir de la 3ème semaine. Les chiots reproduisent par le jeu le comportement des adultes, ce qui leur permet d’apprendre les différentes attitudes corporelles de l’espèce comme la posture d’appel au jeu, les postures de dominance ou de soumission (Shepherd, 2009).

 

  • Comportement alimentaire

Le réflexe de succion est important mais le mordillement d’autres objets et les tentatives d’ingestion de nourriture solide apparaissent vers 4 semaines. Dès le 18ème jour, le chiot commence à laper (Giffroy, 1985).

 

  • Socialisation intraspécifique

Le regroupement des chiots les uns sur les autres, contre leur mère ou contre la barrière pour dormir est normal. Vers la troisième semaine, le maintien d’un contact entre les chiots durant le sommeil n’est plus indispensable, ils sont en effet capables d’une certaine activité thermorégulatrice. Les chiots en bonne santé ne quitteront pas la portée et ne se mettront pas à l’écart avant l’âge de 5 à 6 semaines (Giffroy, 1985).

Le chiot va acquérir les comportements de l’espèce et augmenter son répertoire comportemental. La socialisation commence avec la mère : les chiots apprennent à se comporter en l’observant. Elle se poursuit par l’interaction avec l’environnement et les congénères. Pour les chiots, la portée constitue le principal terrain de socialisation. Les comportements sont essentiellement des comportements de jeux. L’interaction avec l’espace et les compagnons augmentent à partir de l’âge de 3 semaines alors que celle avec la mère diminue concomitamment (Scott and Fuller, 1965).

Les chiens adultes peuvent également interagir avec les chiots par le jeu et en corrigeant leur comportement par le grognement ou en montrant les dents. Les autres membres de la fratrie y participent également lorsqu’ils crient ou cessent le jeu (Miklósi, 2015).

Peau et système musculo-squelettique

  • Tonus musculaire et mobilité

Le nouveau-né doit essayer de se hisser sur ses membres antérieurs ou de pousser sur ses membres postérieurs dans les 10 premiers jours. Le chiot commence à essayer de marcher à environ 14 jours. Les chiots plus grands ou plus lourds pourront mettre un peu plus de temps avant de commencer à se déplacer (Root Kustritz, 2011a).

 

  • Calcium et phosphore

Le calcium et le phosphore sont importants pour une bonne croissance osseuse mais aussi pour la contraction musculaire. La concentration sanguine en calcium est très élevée chez les chiots de moins de 8 semaines et redescend jusqu’à atteindre les valeurs de l’adulte vers 1 an.

 

  • Cartilage de croissance et ossification

Les os des chiots sont généralement moins minéralisés que ceux des adultes. Ils présentent des zones de croissance métaphysaires, un cartilage parfois plus épais et de nombreux centres d’ossification secondaires mais cela est physiologique. Ces centres d’ossification apparaissent au cours de la croissance, plus ou moins tôt selon l’os considéré.

Les os d’un très jeune animal (moins de 2 mois) peuvent apparaitre comme irréguliers, notamment au niveau des métaphyses qui sont un site actif de remodelage. Cette zone est appelée « zone de réduction » et a une surface périostée rugueuse et irrégulière. Une ligne radio-transparente est visible entre la métaphyse et l’épiphyse et peut mimer une ligne de fracture ou un espace articulaire. Ces lignes vont se réduire au cours de la croissance jusqu’à ce que l’épiphyse et la métaphyse fusionnent pour former une cicatrice radio-opaque.

Les espaces articulaires semblent plus larges chez le jeune animal puisque le cartilage apparait comme un tissu mou de même opacité que le liquide synovial et que la capsule articulaire mais en réalité, les espaces articulaires ne sont pas plus grands. En cas de doute sur l’opacité des tissus mous sur les radiographies, il faut penser à radiographier le membre opposé à titre comparatif (J. Hoskins, 2001).

De par la diversité entre les races canines, entre les portées et entre les individus, il est très difficile d’établir un tableau de valeurs de référence pour toutes les données osseuses. L’idéal, lorsque les clichés concernent les membres de l’animal, est la comparaison avec le membre opposé et de garder les clichés de l’animal pour suivre l’évolution entre 2 examens (J. Hoskins, 2001).

Les tableaux suivants serviront de référence pour l’âge d’apparition et de fermeture des différents foyers d’ossification (tableaux 66, 67 et 68).

Tableau 66 : Age d’apparition et de fermeture des centres d’ossification des os des membres thoraciques du chiot, d’après Hoskins, 2001

Tableau : Age d’apparition et de fermeture des centres d’ossification des os des membres thoraciques du chiot

 

Tableau 67 : Age d’apparition et de fermeture des centres d’ossification des os des membres pleviens du chiot, d’après Hoskins, 2001

Tableau : Age d’apparition et de fermeture des centres d’ossification des os des membres pelviens du chiot

 

Tableau 68 : Age d’apparition et de fermeture des centres d’ossification des os du bassin du chiot, d’après Hoskins, 2001

Tableau : Age d’apparition et de fermeture des centres d’ossification des os du bassin du chiot

 

2ème Mois

chiot 2 mois

Croissance

Entre la naissance et le sevrage, le taux de croissance médian varie par période et par race.

Taux de croissance entre Ja et Jb = [(Poids à Jb – Poids à Ja)/Poids à Ja] x100

Ces données sont récapitulées dans le tableau suivant (tableau 3) (Lecarpentier et Martinez, 2017):

Tableau 3 : Taux de croissance (en % du poids en début de période) par race et par période entre 21 et 56 jours (n = 4159)(nt = non traité) (Lecarpentier et Martinez, 2017)

Tableau : Taux de croissance (en % du poids en début de période) par race et par période entre 21 et 56 jours

 

Les courbes de croissance médianes ont pu être établies pour l’espèce canine, et plus précisément par format racial entre la naissance et l’âge de 2 mois (figure 7).

Figure 7 : Courbes de croissance médiane de l’espèce canine et des différents formats raciaux lissées avec une fonction polynomiale du second degré (n = 4159 chiots au total)(Lecarpentier et Martinez, 2017) (Vert = espèce canine, Rouge = format Small ; Jaune = format Medium ; Bleu = format Large ; Violet = format Giant)

Figure : Courbes de croissance médiane de l’espèce canine et des différents formats raciaux lissées avec une fonction polynomiale du second degré

 

Une autre donnée intéressante concerne l’expression du taux de croissance en terme de multiplicité du poids de naissance. Ce sont alors les races moyennes qui obtiennent le taux de croissance le plus élevé (Fiszdon et Kowalczyk, 2009).

Tableau 4 : Multiplicité des poids de naissance aux 24ème et 42ème jours de vie au sein de 8 races (n=501 chiots) (Fiszdon et Kowalczyk, 2009)

Tableau : Multiplicité des poids de naissance aux 24ème et 42ème jours de vie au sein de 8 races

Dentition

Le chien, comme les autres mammifères, est une espèce diphyodonte, c’est-à-dire qui présente 2 dentitions : une dentition  déciduale de 28 dents et une dentition définitive de 42 dents, 20 à la mâchoire supérieure et 22 à la mâchoire inférieure. On peut parfois lire que la dentition de lait est composée de 32 dents, parce qu’on y ajoute les PM1(première paire de pré molaires) qui sont des dents de lait persistantes (Hawkins, 2001).

Les changements pendant la période pédiatrique sont surtout visibles au niveau des 6 incisives : 2 pinces (I1), 2 mitoyennes (I2), 2 coins (I3) (figure 9).

Figure 9: La denture du chiot (vue latérale de la bouche) ; I=incisives, C=canines, P=pré-molaires (Pollet, 2009)

Figure : La denture du chiot (vue latérale de la bouche)

Les dents déciduales terminent leur apparition jusqu’à 5 semaines pour P2. Les dents qui apparaissent ensuite sont déjà des dents définitives (P1, M1, M2 et M3) et les dents déciduales seront remplacées progressivement à partir de 4 mois (tableau 7).

Tableau 7 : Date de remplacement des dents déciduales par des dents permanentes chez le chiot; I=incisives, C=canines, PM=pré-molaires, M=molaires (Pollet, 2009)

Tableau : Date de remplacement des dents déciduales par des dents permanentes chez le chiot

 

Le remplacement des dents déciduales se fait toujours de l’intérieur vers l’extérieur de la machoire, ce qui permet d’estimer l’âge d’un chiot grâce à sa dentition : I1 remplacées, puis I2 puis I3…etc. Les dents permanentes dites « en fleurs de lys » apparaissent progressivement (figure 10).

Figure 10 : Evolution de la dentition du chiot entre 3 et 5 mois : remplacement progressif des dents déciduales (Cours d’anatomie, ENVT, 2015)

Figure : Evolution de la dentition du chiot entre 3 et 5 mois : remplacement progressif des dents déciduales

Il y a des variations entre les grandes et les petites races, chez lesquelles l’apparition des dents est respectivement plus avancée et plus retardée. La chute des dents de lait (surtout des incisives et des canines) peut être retardée et ces dents peuvent même persister alors que les dents définitives commencent à pousser, ce qui est surtout observé chez les races naines.

Chez les chiens de petit format, il arrive parfois que les dents de lait ne tombent pas seules, et plus spécialement que les canines de lait ne tombent pas lors de la pousse des canines permanentes. L’extraction de la canine de lait persistante doit impérativement être faite à l’âge de 7 mois, sinon des problèmes d’aplomb dentaire (verticalité des dents) et d’entartrage peuvent s’installer (Pollet, 2009).

Température

La température augmente au cours du temps. Elle ne se stabilise pas avant 2 mois d’âge (figure 12 et tableau 9). Il n’y a pas de différence de température rectale significative observée entre les mâles et les femelles (Catteau, 2014a).

Figure 12: Evolution de la température rectale de la naissance à l’âge de 2 mois  (n=437) (Catteau, 2014)

Figure : Evolution de la température rectale de la naissance à l’âge de 2 mois

 

Tableau 9: Evolution de la température rectale de la naissance au sevrage (n=437) (Catteau, 2014)

Tableau : Evolution de la température rectale de la naissance au sevrage

 

Le format racial a une influence sur la température pendant la période pédiatrique (de 21 jours à 2 mois) : la température des chiots de petites races est en moyenne supérieure à celle des chiots de grande race. La différence est de l’ordre de 0,2°C (Catteau, 2014).

Paramètres hématologiques

  • Lignée rouge

L’hématocrite diminue physiologiquement au cours des premières semaines de vie à cause de la diminution de production et de la courte durée de vie des globules rouges mais aussi à cause de la polychromie et de la présence de globules rouges nucléés ou de corps de Howell-Jolly.  Il croit ensuite jusqu’à se stabiliser au niveau des valeurs adultes entre 2 et 6 mois d’âge (Root Kustritz, 2011b). Les valeurs hématologiques sont présentées dans le tableau 18.

D’après Calvache (2008), l’analyse des différents résultats publiés sur le sujet montre que chez le chiot, les valeurs de la numération des globules rouges, d’hémoglobine et d’hématocrite sont inférieures aux valeurs usuelles de l’adulte entre 1 semaine et 3 mois.

Pour le VGM, les données sont comprises dans l’intervalle de référence adulte chez les chiots de 0 à 6 mois (Calvache, 2008).

Chez les chiots de moins de 4 mois, on doit observer une réponse régénérative supérieure à celle des adultes (Root Kustritz, 2011b).

Tableau 18: Lignée rouge chez le chiot âgé de 8 semaines – valeurs hématologiques (Earl, 1973).

VGM : volume globulaire moyen ; CCMH : concentration corpusculaire moyenne en hémoglobine ; TCMH : teneur corpusculaire moyenne en hémoglobine; GR : globules rouges. Les valeurs entre parenthèses indiquent des valeurs moyennes.

Tableau : Lignée rouge chez le chiot âgé de 8 semaines – valeurs hématologiques

 

 

 

  • Lignée blanche

Chez le chiot, les nombres de globules blancs, de neutrophiles et de lymphocytes , qui avaient diminué au cours du premier mois de vie, ré-augmentent au cours du second mois. Cette leucocytose du jeune, incluant souvent une neutrophilie et une lymphocytose pourrait être une simple réponse aux nouvelles stimulations du système immunitaire naïf du chiot (von Dehn, 2014).  Les valeurs hématologiques normales du chiot âgé de 2 mois sont présentées dans le tableau 19 et une synthèse retraçant l’évolution de ces paramètres au cours des deux premiers mois de vie est donnée dans le tableau 20.

Une ascension progressive des paramètres hématologiques peut être détectée à partir de 2 mois.

Tableau 19: Lignée blanche chez le chiot de 8 semaines – valeurs hématologiques (Earl, 1973).

VGM : volume globulaire moyen ; CCMH : concentration corpusculaire moyenne en hémoglobine ; TCMH : teneur corpusculaire moyenne en hémoglobine ; GB : globules blancs. Les valeurs entre parenthèses indiquent des valeurs moyennes.

Tableau : Lignée blanche chez le chiot de 8 semaines – valeurs hématologiques

 

 

Tableau 20: Evolution de l’hémogramme du chiot de race Beagle au cours des 2 premiers mois de vie,, n=70 (Earl et al., 1973)

Tableau : Evolution de l’hémogramme du chiot de race Beagle au cours des 2 premiers mois de vie

 

 

D’autres intervalles de valeurs ont été trouvés par Shifrine et al (1973) et ces valeurs, ainsi que leur évolution chez le chiot entre 0 et 64 jours d’âge semblent correspondre aux valeurs présentées par Earl et al. A titre informatif, le tableau 21 présente les résultats de leur étude. Les différences observées peuvent s’expliquer par l’intervention d’opérateurs différents et l’utilisation d’analyseurs différents.

Tableau 21: Hémogramme du chiot de race Beagle en fonction de l’âge, n=48  (Shifrine et al., 1973)

Tableau : Hémogramme du chiot de race Beagle en fonction de l’âge

 

 

  • Plaquettes

Après 8 semaines,  la concentration plaquettaire sanguine est comprise entre 240 et 435 x 103/µL, pour une valeur moyenne de 324 x 103/µL (Earl et al., 1973).

L’évaluation de la coagulation est limitée chez les nouveau-nés mais semble correspondre aux valeurs de référence de l’adulte pour le temps de prothrombine (PT) et le fibrinogène à partir de 8 semaines (Center, 2011).

Système digestif

La motilité du tractus digestif semble être contrôlée davantage par la distension que par une activité électrique dans les 40 premiers jours (Root Kustritz, 2011a).

Les chiots doivent boire de l’eau à partir de 5 semaines. A 6 semaines, 50% de leur régime alimentaire doit être constitué d’aliments solides, et le sevrage lactique intervient entre 6 et 8 semaines (Prendergast, 2011).

L’interprétation des radiographies abdominales n’est pas toujours évidente de par la petite taille des animaux et le manque de données de référence sur certains organes spécifiques. De même, la réalisation d’une échographie abdominale peut s’avérer difficile chez le nouveau-né en fonction de sa taille. Un épanchement abdominal est observé chez 24% des chiots à 56 jours de vie mais l’origine du fluide n’est pas déterminée (Richard et Toniolo, 2019).

Le système digestif du chiot est très fragile et facilement affecté par l’environnement, le régime alimentaire et les pathogènes car les défenses contre les infections sont réduites chez le nouveau-né. Tant que la production d’acides gastriques n’est pas complètement développée, l’acidité de l’estomac du chiot est inférieure à celle de l’adulte, ce qui diminue la barrière chimique et donc les défenses contre les agents pathogènes en permettant le développement d’un plus grand nombre de bactéries (Rickard, 2011).

Les enzymes digestives pancréatiques sont normalement produites et les valeurs de référence tendent à se rapprocher des valeurs usuelles pour le chien adulte (tableau 28) (Rørtveit et al., 2015).

Tableau 28 : Valeurs observées pour  l’activité des enzymes pancréatiques chez le chiot de 2 mois. Les valeurs entre parenthèses indiquent des valeurs médianes.

Tableau : Valeurs observées pour  l’activité des enzymes pancréatiques chez le chiot de 2 mois

 

 

À partir de 6 à 8 semaines, les chiots peuvent avoir une alimentation exclusivement solide. Les besoins nutritionnels du chiot en croissance sont (Cours d’alimentation, ENVT, 2016) :

Les besoins nutritionnels du chiot en croissance (à partir de 6 à 8 semaines)

 

Système hépatobiliaire

Les structures abdominales peuvent être palpées mais le foie ne doit normalement pas être palpable et ne pas dépasser des dernières côtes.

Chez la plupart des chiens, si la fermeture fonctionnelle du canal veineux se fait progressivement au cours des 2ème et 3ème jours de vie, la fermeture morphologique complète a lieu entre 1 et 3 mois (Center, 2011).

 

  • Métabolisme du glucose

Les chiots ont une mauvaise régulation de la glycémie par rapport aux adultes, ils mettent plus de temps à se remettre d’une hypo ou hyperglycémie, ce qui peut être dû à une insensibilité relative à l’insuline endogène ou, de manière plus générale, à une mauvaise réponse aux hormones de régulation. Les chiots n’utilisent pas bien les autres sources d’énergie (lipides, acides-aminés). Le maintien de la glycémie est bien évidemment vital pour le développement neurologique. Bien que la régulation de la glycémie s’améliore avec l’âge, avant l’âge de 4 mois les chiots peuvent être considérés comme prédisposés à l’hypoglycémie lors d’anorexie ou de déshydratation. Les signes cliniques d’hypoglycémie souvent observés sont les gémissements, l’abattement, les tremblements et le coma (Rickard, 2011). Les valeurs de glycémies observées chez le chiot de 2 mois sont données dans le tableau 47.

Tableau 47 :  Intervalles de référence de la glycémie du chiot à l’âge de 2  mois (les valeurs entre parenthèses indiquent des valeurs médianes)

Tableau :  Intervalles de référence de la glycémie du chiot à l’âge de 2  mois

 

 

  • Cholestérol et triglycérides

On peut se fier aux intervalles de référence de l’adulte pour le cholestérol (Center, 2011).

La capacité du foie du nouveau-né à synthétiser des triglycérides et le cholestérol étant plus faible chez le chiot, les lipides utilisés proviennent essentiellement de l’alimentation. Chez le chiot, la concentration en triglycérides est maximale avant le sevrage puis diminue progressivement après le sevrage (Hoskins, 2011). Les valeurs observées à l’âge de 2 mois sont données dans le tableau 48.

Tableau 48 : Intervalles de référence de la cholestérolémie et de la triglycéridémie du chiot à l’âge de 2 mois (les valeurs entre parenthèses indiquent des valeurs médianes).

Tableau : Intervalles de référence de la cholestérolémie et de la triglycéridémie du chiot à l’âge de 2 mois

 

 

  • Bilirubine

La bilirubinémie du chiot est comparable à celle de l’adulte (Center, 2011).

 

  • Acides biliaires

L’utilisation des tables de références adultes pour le dosage des acides biliaires pour l’analyse des fonctions hépatiques et hépatobiliaires est possible chez le chiot à partir de 4 semaines. Il est recommandé de comparer les valeurs en période pré et post prandiale plutôt que de ne faire qu’une analyse à un moment donné, en raison des variations physiologiques de ces paramètres (Hoskins, 2011b).

 

  • Albumine et protéines totales

Avant 8 semaines, les chiots présentent une concentration d’albumine encore légèrement inférieure à celle des adultes. La quantité de globulines dans le sérum augmente avec l’âge, probablement en relation avec les stimulations antigéniques. La concentration sanguine en protéines totales augmente encore progressivement (Center, 2011) (tableau 49). Les valeurs de référence de l’adulte sont données à titre informatif dans le tableau 41.

Tableau 49 : Intervalles de référence de la protéinémie et de l’albuminémie du chiot à l’âge de 2 mois  (les valeurs entre parenthèses indiquent des valeurs médianes).

Tableau : Intervalles de référence de la protéinémie et de l’albuminémie du chiot à l’âge de 2 mois 

 

 

  • Activité des enzymes hépatiques

Les valeurs observées pour l’activité des enzymes hépatiques tendent à se rapprocher des valeurs usuelles de l’adulte (tableau 50). Les valeurs de référence de l’adulte sont données à titre informatif dans le tableau 32.

Tableau 50 : Intervalles de référence de l’activité des enzymes hépatiques du chiot à l’âge de 2 mois (Les valeurs entre parenthèses indiquent des valeurs médianes)

Tableau : Intervalles de référence de l’activité des enzymes hépatiques du chiot à l’âge de 2 mois

 

 

  • Cycle de l’urée

Le cycle de l’urée se perfectionne à différents moments du développement fœtal et néonatal. Le taux d’ammonium chez des chiots cliniquement sains de 2 mois se trouve dans l’intervalle de référence adulte, excepté pour certains Irish Wolfhounds qui présentent un retard de fermeture du canal veineux. Cependant, l’ammonium étant soluble dans le sang, une analyse immédiate de l’échantillon est obligatoire et les résultats sont difficiles à interpréter. L’analyse est donc peu répétable et rarement effectuée en pratique. On peut cependant faire une recherche de cristaux d’ammonium dans les urines (Center, 2011).

Système cardio-vasculaire

L’innervation autonome du cœur et des vaisseaux est incomplète à la naissance, rendant la régulation via le baroréflexe moins efficace que chez l’adulte. La contractilité du myocarde n’est pas totalement développée non plus, ce qui limite la capacité d’adaptation cardiaque en cas d’hémorragie, d’hyperthermie ou de déséquilibre acido-basique. Les réflexes vagaux ne se développent pas avant l’âge de 8 semaines environ (Bright, 2011; Rickard, 2011).

Tableau 56 : Rythme cardiaque et valeurs moyennes des pressions artérielles chez le chiot de 2 mois, d’après Moon et al, 2001 et Brigh, 2011.

Tableau : Rythme cardiaque et valeurs moyennes des pressions artérielles chez le chiot de 2 mois

 

 

Des souffles cardiaques de grade I à III sont souvent observés mais sans incidence car uniquement causés par une augmentation du débit sanguin dans l’aorte ou l’artère pulmonaire ou l’évolution des cloisonnements embryologiques du cœur.  Cependant, un souffle cardiaque de grade VI/VI est plus souvent dû à une anomalie congénitale du cœur et peuvent être révélateurs de pathologies cardiaques majeures. On observera alors d’autres signes tels que la non-concordance du pouls fémoral avec le choc précordial, des muqueuses pâles ou cyanosées, une distension veineuse, de l’ascite ou une hépatomégalie. Les maladies cardiaques congénitales les plus fréquentes chez le chiot seraient la sténose sub-aortique et la persistance du canal aortique selon les études américaines (Root Kustritz, 2011a).

Électrocardiogramme : L’onde QRS se dirige progressivement vers la gauche, et devient plus caudale (Trautvetter et al., 1981).

Système respiratoire

La fréquence respiratoire du chiot est similaire à celle de l’adulte, c’est-à-dire comprise entre 20 et 24 mouvements par minute. L’auscultation pulmonaire s’en trouve facilitée (Taboada et Turnwald, 2011).

La radiographie thoracique reste un examen difficile à mettre en place à cause du manque de données sur les jeunes animaux. Les radiographies sont alors interprétées comme celles de l’adulte. Le lavage trachéal et les autres méthodes de collecte d’échantillon pour mise en culture ou cytologie peuvent être pratiquées comme chez l’adulte (Root Kustritz, 2011a).

Système urinaire

  • Urémie et créatininémie

L’urémie continue de diminuer. Une hypothèse à ce faible taux d’urée sanguine chez le jeune serait l’augmentation de la synthèse protéique sous l’influence des hormones de croissance ou l’augmentation du débit de filtration glomérulaire en réponse à une augmentation du métabolisme général (von Dehn, 2014).

La créatininémie subit une légère augmentation à partir de 7 à 8 semaines de vie. Des variations interraciales sont rapportées, notamment chez le Berger Allemand, race dans laquelle le chiot semble avoir un taux de créatinine au-dessus de la moyenne des chiots dans autres races à partir de 8 semaines ou chez le Greyhound qui montre également une créatininémie supérieure en relation avec son important développement de masse musculaire (von Dehn, 2014).

Les valeurs d’urémie et de créatininémie ont été étudiées par plusieurs auteurs mais toutes les études aboutissent à des intervalles de référence significativement différents (Gorman, 2011; Moon et al., 2001; O’Brien et al., 2014; Rørtveit et al., 2015; Rosset et al., 2012).

 

  • Débit de filtration glomérulaire

Le débit de filtration glomérulaire et le flux sanguin rénal continuent d’augmenter progressivement jusqu’à atteindre les valeurs adultes entre 8 et 10 semaines (figure 15) (von Dehn, 2014). Au cours du développement, l’augmentation de la pression artérielle et la diminution de la résistance vasculaire entrainent nécessairement une augmentation de la perfusion rénale et du débit de filtration glomérulaire. En effet, chez le chiot, le système rénine-angiotensine semble inefficace jusqu’à 6 semaines environ, et le débit sanguin rénal est directement corrélé à la pression artérielle.

La filtration glomérulaire passe de 21% de la capacité finale à la naissance pour atteindre 53% vers l’âge de huit semaines (Heller et Capek, 1965 ; Hoster et Valtin, 1971)

Figure 15: Evolution du débit de filtration glomérulaire (GRF)  au cours des 2 premiers mois de  vie du chiot (Kruger et al., 2011)

Figure : Evolution du débit de filtration glomérulaire (GRF)  au cours des 2 premiers mois de  vie du chiot

 

 

  • Equilibre électrolytique

Les valeurs de la natrémie, de la kaliémie et de la chlorémie tendent à se rapprocher des valeurs de l’adulte (tableau 64).

Tableau 63: Intervalles de référence du sodium, du potassium et des chlorures chez le chiot âgé de 2 mois, d’après O’Brien et al, 2014 et Rortveit et al, 2015

Tableau : Intervalles de référence du sodium, du potassium et des chlorures chez le chiot âgé de 2 mois

 

 

  • Analyse d’urine

La concentration urinaire en protéines et glucose devient comparable à celle des adultes entre 6 et 8 semaines après la naissance (Rickard, 2011).

La densité urinaire est comprise entre 1,006 et 1,017 (Proffenbarger et al, 1990)

Il n’y a aucune différence significative concernant le pH urinaire selon l’âge des animaux. Celui-ci varie entre 6,5 et 8,0 (Casseleux, 2007).

Système nerveux

Tous les réflexes sont acquis définitivement vers 5 ou 6 semaines. Le chiot peut courir, franchir des obstacles, tomber et se redresser rapidement. Les perceptions visuelle et auditive du chiot doivent être correctes à partir de 5 semaines (Pageat, 1998). Cette évolution est résumée sur le graphique de la figure 16.

L’électro-encéphalogramme devient semblable à celui de l’adulte vers l’âge de 7 à 8 semaines (Beaver, 1982).

Figure 16 :  Développement sensoriel et moteur du chiot de 0 à 8 semaines : Le début de la barre représente l’apparition du caractère et la largeur maximale représente l’arrivée à maturité du caractère (Lord, 2013)

 

Figure :  Développement sensoriel et moteur du chiot de 0 à 8 semaines : Le début de la barre représente l’apparition du caractère et la largeur maximale représente l’arrivée à maturité du caractère

Évolution du comportement

C’est une période cruciale, marquée par l’influence du milieu extérieur sur le comportement du chiot. Elle est incluse dans une période dite sensible qui peut se définir comme « une période ou phase du développement où des réponses particulières ou des préférences sont acquises plus rapidement qu’à d’autres périodes » (Serpell et Jagoe, 1995). En d’autres termes, c’est une période au cours de laquelle l’animal est très réceptif à certaines expériences qui peuvent avoir des conséquences durables sur son comportement. L’apprentissage et la mémorisation sont facilités.

 

  • Activité

A huit semaines, les chiots dorment et se réveillent presque comme des adultes, leur besoin de sommeil a considérablement diminué (Giffroy, 1985).

Les comportements sont essentiellement des comportements de jeux.

 

  • Comportement alimentaire

Vers la moitié de la 4ème semaine, le chiot commence à manifester un comportement alimentaire d’adulte tout en continuant de téter régulièrement sa mère. Certains chiots se mettent à solliciter les régurgitations maternelles d’aliments prédigérés (Shepherd, 2009). Cela se manifeste par des mordillements de la commissure des lèvres de la bouche maternelle. La transition de l’alimentation lactée vers une alimentation solide commence alors. Le sevrage alimentaire est définitif entre sept et dix semaines (Rosset, 2006).

 

  • Socialisation intraspécifique

La phase de socialisation commence autour de 3 semaines d’âge : le chiot, grâce à sa mère et ses congénères de la portée, identifie son espèce. La socialisation est intraspécifique : le chiot apprend à reconnaître les siens et surtout à communiquer avec eux. Malgré la grande diversité phénotypique des races de chiens, ils sont donc capables de discriminer les membres de leur espèce (Autier-Dérian et al., 2013)

Le chiot va acquérir les comportements de l’espèce et augmenter son répertoire comportemental. La période critique de socialisation est basée sur la capacité du chiot à explorer et donc sur son développement sensoriel. Elle commence à 4 semaines, lorsque les chiots ne sont pas effrayés par ce qui est nouveau et cherchent à s’en approcher (Scott and Fuller, 1965).  La socialisation du chiot est favorisée par une phase attractive qui s’étendrait de la 3ème semaine à la 7ème semaine au cours de laquelle le chiot est intéressé par tout ce qui l’entoure et intègre ce qu’il perçoit comme étant des éléments familiers : chiens, chats, hommes… (Vastrade, 1987).

La socialisation réalisée au cours de la période sensible est dite socialisation primaire. Si elle a lieu en dehors de cette période, elle est plus difficile mais pas impossible : elle est alors appelée socialisation secondaire.

C’est aussi là que le chiot acquière les autocontrôles et apprend, au contact de ses congénères, à adapter sa réponse à l’intensité des stimuli. L’inhibition de morsure doit être acquise à l’âge de 8 semaines.

 

  • Socialisation à l’homme

Le chien se socialise à son espèce et peut se familiariser à d’autres. Pour ce faire, il est nécessaire de le mettre en contact avec l’espèce entre 3 et 12 semaines d’âge. La familiarisation sera d’autant plus facilitée que l’on se situe dans la phase attractive (Scott et Fuller, 1965).

Pour familiariser un chiot à l’Homme, il est nécessaire de lui présenter un maximum d’humains de morphologie différente : hommes, femmes, enfants, petits, grands… durant quelques minutes mais pendant plusieurs jours (Miklósi, 2015).

Cette attraction pour l’Homme est cependant moins systématique dès lors que le chien n’a pas été précocement en contact avec lui. En effet, une rencontre à l’âge adulte avec des espèces qui ne lui sont pas familières provoquera chez le chien une réaction de curiosité qui se manifestera par une incitation au jeu, un comportement de prédation ou de la peur se traduisant par de l’évitement ou de l’agression (Lorenz, 1984).

 

  • Propreté

Vers 4 ou 5 semaines, la plupart des chiots sont suffisamment mobiles pour quitter leur panière pour faire leurs besoins. Dans les semaines qui suivent, ils ont tendance à éliminer un peu partout dans leur box. Vers six semaines, ils recherchent les endroits de déjection précédentes en flairant le sol. Vers la neuvième semaine, la plupart des chiots éliminent dans un endroit déterminé, situé en général, en marge de leur aire de vie et choisi également par leur mère (Shepherd, 2009). Ils choisissent alors un support préférentiel (pelouse, terre, béton, carton, journal…), qu’ils rechercheront à leur arrivée dans leur nouveau foyer.

Peau et système musculo-squelettique

  • Tonus musculaire et mobilité

Le nouveau-né doit essayer de se hisser sur ses membres antérieurs ou de pousser sur ses membres postérieurs dans les 10 premiers jours. Le chiot commence à essayer de marcher à environ 14 jours. Les chiots plus grands ou plus lourds pourront mettre un peu plus de temps avant de commencer à se déplacer (Root Kustritz, 2011a).

 

  • Calcium et phosphore

Le calcium et le phosphore sont importants pour une bonne croissance osseuse mais aussi pour la contraction musculaire. La concentration sanguine en calcium est très élevée chez les chiots de moins de 8 semaines et redescend jusqu’à atteindre les valeurs de l’adulte vers 1 an.

 

  • Cartilage de croissance et ossification

Les os des chiots sont généralement moins minéralisés que ceux des adultes. Ils présentent des zones de croissance métaphysaires, un cartilage parfois plus épais et de nombreux centres d’ossification secondaires mais cela est physiologique. Ces centres d’ossification apparaissent au cours de la croissance, plus ou moins tôt selon l’os considéré.

Les os d’un très jeune animal (moins de 2 mois) peuvent apparaitre comme irréguliers, notamment au niveau des métaphyses qui sont un site actif de remodelage. Cette zone est appelée « zone de réduction » et a une surface périostée rugueuse et irrégulière. Une ligne radio-transparente est visible entre la métaphyse et l’épiphyse et peut mimer une ligne de fracture ou un espace articulaire. Ces lignes vont se réduire au cours de la croissance jusqu’à ce que l’épiphyse et la métaphyse fusionnent pour former une cicatrice radio-opaque.

Les espaces articulaires semblent plus larges chez le jeune animal puisque le cartilage apparait comme un tissu mou de même opacité que le liquide synovial et que la capsule articulaire mais en réalité, les espaces articulaires ne sont pas plus grands. En cas de doute sur l’opacité des tissus mous sur les radiographies, il faut penser à radiographier le membre opposé à titre comparatif (J. Hoskins, 2001).

De par la diversité entre les races canines, entre les portées et entre les individus, il est très difficile d’établir un tableau de valeurs de référence pour toutes les données osseuses. L’idéal, lorsque les clichés concernent les membres de l’animal, est la comparaison avec le membre opposé et de garder les clichés de l’animal pour suivre l’évolution entre 2 examens (J. Hoskins, 2001).

Les tableaux suivants serviront de référence pour l’âge d’apparition et de fermeture des différents foyers d’ossification (tableaux 66, 67 et 68).

Tableau 66 : Age d’apparition et de fermeture des centres d’ossification des os des membres thoraciques du chiot, d’après Hoskins, 2001

Tableau : Age d’apparition et de fermeture des centres d’ossification des os des membres thoraciques du chiot

 

 

Tableau 67 : Age d’apparition et de fermeture des centres d’ossification des os des membres pleviens du chiot, d’après Hoskins, 2001

Tableau : Age d’apparition et de fermeture des centres d’ossification des os des membres pelviens du chiot

 

 

Tableau 68 : Age d’apparition et de fermeture des centres d’ossification des os du bassin du chiot, d’après Hoskins, 2001

Tableau : Age d’apparition et de fermeture des centres d’ossification des os du bassin du chiot

 

3ème Mois

chiot 3 mois

Croissance

Le taux de croissance augmente de façon exponentielle au début, jusqu’à ce que l’animal atteigne 50% de son poids adulte. La durée de cette phase augmente proportionnellement au poids adulte. Ainsi, pour les races toys, la fin de cette période de croissance rapide a lieu vers 11 semaines, alors que pour les races moyennes, cette période se termine entre 14 et 16 semaines et pas avant 5 mois pour les races géantes (Fiszdon and Kowalczyk, 2009).

Le taux de croissance au cours de la phase exponentielle est cependant relativement similaire. Le taux de croissance exponentielle hebdomadaire le plus lent est observé chez le Mastiff (10,8%) et le plus rapide chez le Springer Spaniel (18,3%). Pour la plupart des races, le taux de croissance se situe entre 13 et 17% par semaine (Tableau 5) (Hawthorne et al., 2004).

Dentition

Le chien, comme les autres mammifères, est une espèce diphyodonte, c’est-à-dire qui présente 2 dentitions : une dentition  déciduale de 28 dents et une dentition définitive de 42 dents, 20 à la mâchoire supérieure et 22 à la mâchoire inférieure. On peut parfois lire que la dentition de lait est composée de 32 dents, parce qu’on y ajoute les PM1(première paire de pré molaires) qui sont des dents de lait persistantes (Hawkins, 2001).

Les changements pendant la période pédiatrique sont surtout visibles au niveau des 6 incisives : 2 pinces (I1), 2 mitoyennes (I2), 2 coins (I3) (figure 9).

Figure 9: La denture du chiot (vue latérale de la bouche) ; I=incisives, C=canines, P=pré-molaires (Pollet, 2009)

Figure : La denture du chiot (vue latérale de la bouche)

 

Les dents déciduales terminent leur apparition jusqu’à 5 semaines pour P2. Les dents qui apparaissent ensuite sont déjà des dents définitives (P1, M1, M2 et M3) et les dents déciduales seront remplacées progressivement à partir de 4 mois (tableau 7).

Tableau 7 : Date de remplacement des dents déciduales par des dents permanentes chez le chiot; I=incisives, C=canines, PM=pré-molaires, M=molaires (Pollet, 2009)

Tableau : Date de remplacement des dents déciduales par des dents permanentes chez le chiot

 

Le remplacement des dents déciduales se fait toujours de l’intérieur vers l’extérieur de la machoire, ce qui permet d’estimer l’âge d’un chiot grâce à sa dentition : I1 remplacées, puis I2 puis I3…etc. Les dents permanentes dites « en fleurs de lys » apparaissent progressivement (figure 10).

Figure 10 : Evolution de la dentition du chiot entre 3 et 5 mois : remplacement progressif des dents déciduales (Cours d’anatomie, ENVT, 2015)

Figure : Evolution de la dentition du chiot entre 3 et 5 mois : remplacement progressif des dents déciduales

Il y a des variations entre les grandes et les petites races, chez lesquelles l’apparition des dents est respectivement plus avancée et plus retardée. La chute des dents de lait (surtout des incisives et des canines) peut être retardée et ces dents peuvent même persister alors que les dents définitives commencent à pousser, ce qui est surtout observé chez les races naines.

Chez les chiens de petit format, il arrive parfois que les dents de lait ne tombent pas seules, et plus spécialement que les canines de lait ne tombent pas lors de la pousse des canines permanentes. L’extraction de la canine de lait persistante doit impérativement être faite à l’âge de 7 mois, sinon des problèmes d’aplomb dentaire (verticalité des dents) et d’entartrage peuvent s’installer (Pollet, 2009).

Température

À partir de l’âge de 2 mois, la température du chiot se trouve dans l’intervalle de référence de l’adulte, à savoir, entre 37,5 et 39°C (figure 13) (Catteau, 2014).

Figure 13: Evolution de la tempérautre rectale du chiot entre 0 et 5 mois (Mueggler et al., 1979)

Figure : Evolution de la tempérautre rectale du chiot entre 0 et 5 mois

Paramètres hématologiques

  • Lignée rouge

L’hématocrite croit jusqu’à se stabiliser sur les valeurs adultes entre 2 et 6 mois (Root Kustritz, 2011b)

D’après Calvache (2008), l’analyse des différents résultats publiés sur le sujet montre que chez le chiot, les valeurs de la numération des globules rouges, d’hémoglobine et d’hématocrite sont inférieures aux valeurs usuelles de l’adulte entre 1 semaine et 3 mois.

Pour le VGM, les données sont comprises dans l’intervalle de référence adulte chez les chiots de 0 à 6 mois (Calvache, 2008).

Chez les chiots de moins de 4 mois, on observe uneréponse régénérative supérieure à celle des adultes(Calvache, 2008; Root Kustritz, 2011b).

Tableau 22: Lignée rouge chez le chiot âgé de 12 semaines – valeurs hématologiques moyennes (Earl, 1973).

VGM : volume globulaire moyen ; CCMH : concentration corpusculaire moyenne en hémoglobine ; TCMH : teneur corpusculaire moyenne en hémoglobine ; GR : globules rouges ; n.t = non traité

Tableau : Lignée rouge chez le chiot âgé de 12 semaines – valeurs hématologiques moyennes

 

  • Lignée blanche

Chez le chiot, les concentrations de globules blancs, de neutrophiles et de lymphocytes diminuent lentement jusqu’à 6 mois (von Dehn, 2014).  Les valeurs hématologiques de la lignée blanche du chiot sont données dans le tableau 23.

Tableau 23: Lignée blanche chez le chiot âgé de 12 semaines – valeurs hématologiques moyennes (Earl, 1973).

VGM : volume globulaire moyen ; CCMH : concentration corpusculaire moyenne en hémoglobine ; TCMH : teneur corpusculaire moyenne en hémoglobine ; GB : globules blancs.

Tableau : Lignée blanche chez le chiot âgé de 12 semaines – valeurs hématologiques moyennes

Système digestif

La flore intestinale des chiots s’est développée progressivement en fonction de leur environnement, de leur mère et de ce qu’ils ingèrent, jusqu’à former des populations stables de bactéries. En cas de changement d’alimentation ou d’environnement, cette flore bactérienne intestinale évoluera pour s’adapter au nouveau mode de vie du chiot.

Les structures abdominales peuvent être palpées (rein gauche, intestins, colon et vessie). Le foie ne doit normalement pas être palpable et ne pas dépasser des dernières côtes.

La motilité du tractus digestif semble être contrôlée davantage par une activité électrique que par la distension (Root Kustritz, 2011a).

Le système digestif du chiot reste très fragile et facilement affecté par l’environnement, le régime alimentaire et les pathogènes car les défenses contre les infections sont encore réduites. Tant que la production d’acides gastriques n’est pas complètement développée, l’acidité de l’estomac du chiot est inférieure à celle de l’adulte, ce qui diminue la barrière chimique et donc les défenses contre les agents pathogènes en permettant le développement d’un plus grand nombre de bactéries. (Rickard, 2011).

Le pancréas est capable de produire les enzymes et facteurs antimicrobiens nécessaires et les colonies bactériennes présentent dans le tractus digestif pourront se stabiliser pour former la flore digestive (Hoskins, 2011a). Les valeurs de l’activité enzymatique des lipases et de l’amylase sont comparables aux valeurs de référence de l’adulte.

Les besoins nutritionnels du chiot en croissance sont (Cours d’alimentation, ENVT, 2016) :

Les besoins nutritionnels du chiot en croissance (3e mois)

 

Système hépatobiliaire

Le foie ne doit normalement pas être palpable et ne pas dépasser des dernières côtes.

  • Métabolisme du glucose

Bien que la régulation de la glycémie s’améliore avec l’âge, avant l’âge de 4 mois les chiots peuvent être considérés comme prédisposés à l’hypoglycémie lors d’anorexie ou de déshydratation (Rickard, 2011). Les valeurs de glycémies observées sont données dans le tableau 51.

Tableau 51 : Intervalles de référence de la glycémie du chiot à l’âge de 3  mois (les valeurs entre parenthèses indiquent des valeurs médianes)

Tableau : Intervalles de référence de la glycémie du chiot à l’âge de 3  mois

 

 

  • Cholestérol et triglycérides

On peut se fier aux valeurs de l’adulte pour la cholestérolémie (Center, 2011). Les valeurs observées se trouvent alors entre 100 et 500mg/dL (Gorman, 2011).

Chez le chiot, les concentrations en triglycérides diminuent progressivement après le sevrage (Hoskins, 2011). Les valeurs observées se trouvent alors entre 19 et 205 mg/dL (Gorman, 2011).

 

  • Bilirubine

La bilirubinémie du chiot est comparable à celle de l’adulte (Center, 2011).

 

  • Acides biliaires

L’utilisation des tables de références adultes pour le dosage des acides biliaires pour l’analyse des fonctions hépatiques et hépatobiliaires est possible chez le chiot à partir de 4 semaines. Il est recommandé de comparer les valeurs en période pré et post prandiale plutôt que de ne faire qu’une analyse à un moment donné, en raison des variations physiologiques de ces paramètres (Hoskins, 2011b).

 

  • Albumine et protéines totales

À partir de 8 semaines, les chiots présentent une concentration d’albumine identique à celle des adultes mais la quantité de globulines dans le sérum augmente avec l’âge, probablement en relation avec les stimulations antigéniques. La protéinémie totale augmente progressivement jusqu’à atteindre les valeurs adultes entre 6 mois et 1 an (Center, 2011). Les valeurs observées chez le chiot de 3 mois sont données dans le tableau 52.

Tableau 52 : Intervalles de référence de la protéinémie et de l’albuminémie du chiot à l’âge de 3 mois, d’après Gorman, 2011

Tableau : Intervalles de référence de la protéinémie et de l’albuminémie du chiot à l’âge de 3 mois

 

 

  • Activité des enzymes hépatiques

Les valeurs observées chez le chiot pour l’activité des ALAT, ASAT et GGT sont comparables aux valeurs usuelles du chien adulte. L’alcaline phosphatase(PAL) reste supérieure aux valeurs adultes pendant plus longtemps (Gorman, 2011; O’Brien et al., 2014; Rosset et al., 2012).

 

  • Cycle de l’urée

Le cycle de l’urée se perfectionne à différents moments du développement fœtal et néonatal. Le taux d’ammonium chez des chiots cliniquement sains se trouve dans l’intervalle de référence adulte, excepté pour certains Irish Wolfhounds qui présentent un retard de fermeture du canal veineux (Peterson and Kutzler, 2011) .

Système cardio-vasculaire

Tableau 57 : Rythme cardiaque et valeurs moyennes des pressions artérielles chez le chiot de 3 mois, d’après Moon et al, 2001 et Brigh, 2011.

Tableau : Rythme cardiaque et valeurs moyennes des pressions artérielles chez le chiot de 3 mois

Des souffles cardiaques de grade I à III sont souvent observés mais sans incidence car uniquement causés par une augmentation du débit sanguin dans l’aorte ou l’artère pulmonaire ou l’évolution des cloisonnements embryologiques du cœur.  Cependant, un souffle cardiaque de grade VI/VI est plus souvent dû à une anomalie congénitale du cœur et peuvent être révélateurs de pathologies cardiaques majeures. On observera alors d’autres signes tels que la non-concordance du pouls fémoral avec le choc précordial, des muqueuses pâles ou cyanosées, une distension veineuse, de l’ascite ou une hépatomégalie (Root Kustritz, 2011a).

Physiologiquement, les chiots de plus de 8 semaines peuvent présenter une arythmie sinusale ou un bloc atrio-ventriculaire incomplet à cause de la dominance du système parasympathique à cette période (Bright, 2011).

Électrocardiogramme : A partir de 12 semaines environ, l’onde QRS se dirige caudalement et vers la gauche. Ces modifications de l’axe électrique principal sont supposées résulter de l’augmentation de taille du ventricule gauche au cours du développement cardiaque (Trautvetter et al., 1981).

Système respiratoire

La fréquence respiratoire du chiot est similaire à celle de l’adulte, c’est-à-dire comprise entre 20 et 24 mouvements par minute. L’auscultation pulmonaire s’en trouve facilitée (Taboada et Turnwald, 2011).

La radiographie thoracique reste un examen difficile à mettre en place à cause du manque de données sur les jeunes animaux. Les radiographies sont alors interprétées comme celles de l’adulte. Le lavage trachéal et les autres méthodes de collecte d’échantillon pour mise en culture ou cytologie peuvent être pratiquées comme chez l’adulte (Root Kustritz, 2011a).

Système urinaire

  • Urémie et créatininémie

L’urémie diminue jusqu’à 3 mois. Une hypothèse à ce faible taux d’urée sanguine chez le jeune serait l’augmentation de la synthèse protéique sous l’influence des hormones de croissance ou l’augmentation du débit de filtration glomérulaire en réponse à une augmentation du métabolisme général (von Dehn, 2014).

La créatininémie se rapproche des valeurs usuelles de l’adulte.

Les valeurs d’urémie et de créatininémie ont été étudiées par plusieurs auteurs mais toutes les études aboutissent à des intervalles de référence significativement différents (Gorman, 2011; Moon et al., 2001; O’Brien et al., 2014; Rørtveit et al., 2015; Rosset et al., 2012).

 

  • Débit de filtration glomérulaire

Le débit de filtration glomérulaire et le flux sanguin rénal atteignent les valeurs de l’adulte entre 8 et 10 semaines (von Dehn, 2014).

La filtration glomérulaire continue d’augmenter jusqu’à atteindre les valeurs de l’adulte vers dix semaines. Le débit de filtration glomérulaire passe d’une valeur de 0,34 mL/min/g de tissu rénal chez le chiot âgé d’un mois à 0,51 mL/min/g chez le chiot de 77 jours (Heller et Capek, 1965 ; Hoster et Valtin, 1971).

 

  • Balance électrolytique

Les valeurs de la natrémie, de la kaliémie et de la chlorémie sont similaires aux valeurs de l’adulte (tableau 65).

Tableau 64: Intervalles de référence du sodium, du potassium et des chlorures chez le chiot âgé de 3 mois, d’après O’Brien et al, 2014

Tableau : Intervalles de référence du sodium, du potassium et des chlorures chez le chiot âgé de 3 mois

 

 

  • Analyse d’urine

La concentration urinaire en protéines et glucose devient comparable à celle des adultes entre 6 et 8 semaines après la naissance (Rickard, 2011).

La densité urinaire atteint celle de l’adulte à 11 semaines chez le chiot (Proffenbarger et al, 1990)

Il n’y a aucune différence significative concernant le pH urinaire selon l’âge des animaux. Celui-ci varie entre 6,5 et 8,0 (Casseleux, 2007).

Système nerveux

Les capacités sensorielles du chiot sont entièrement développées. Les réflexes sensoriels sont identiques à ceux de l’adulte et l’examen neurologique peut s’interpréter de la même manière.

Le développement des capacités motrices à cette période consiste surtout en un accroissement de la force et de l’adresse (Scott et Fuller, 1965).

Évolution du comportement

C’est la période juvénile, la plus variable dans le développement du chiot. Elle s’achèvera autour de la puberté.  La répétition des interactions entre les chiots et les autres membres du groupe renforce leur socialisation et ajuste les comportements. Cependant, cette période débute généralement par l’adoption du chiot par sa nouvelle famille et peut conduire à un isolement social.

La phase attractive est suivie d’une phase d’aversion marquée par l’augmentation de l’évitement et de la peur face à un nouveau stimulus : l’animal devient plus méfiant vis-à-vis de ce qui est inconnu et a plus de difficultés à l’intégrer comme un élément familier. Elle débuterait vers la 5ème semaine. Il est alors nécessaire de renforcer les expériences positives. Après 8 semaines, la phase d’aversion domine sur la phase attractive (Vastrade, 1987). Cette peur de l’inconnu continue d’augmenter jusqu’à 16 semaines environ (Fox, 1964 ; Scott et Fuller, 1965).

Figure 17: Représentation schématique des phénomènes d’attraction et répulsion chez le chiot (Vastrade, 1987)

Figure : Représentation schématique des phénomènes d’attraction et répulsion chez le chiot

 

 

  • Activité

A partir de huit semaines, les chiots dorment et se réveillent presque comme des adultes, leur besoin de sommeil a considérablement diminué (Giffroy, 1985).

Les comportements sont essentiellement des comportements de jeux.

 

  • Comportement alimentaire

Le chiot manifeste un comportement alimentaire similaire à celui de l’adulte. Le sevrage alimentaire est définitif entre sept et dix semaines (Rosset, 2006).

 

  • Caractère du chiot

Le comportement du chiot commence alors à présenter une organisation stable, tout en continuant à être modelé par divers apprentissages et expériences. Il n’est pas figé.

La personnalité ou tempérament peut se décrire chez l’animal comme un ensemble de tendances comportementales propres à chaque individu. Elle s’établit dès le plus jeune âge et persiste à l’âge adulte. Ainsi, un chien peut être qualifié de joueur, curieux, sociable, agressif ou prédateur (Svartberg et Forkman, 2002).

La réponse à une situation de peur dépend de l’âge de l’animal : avant l’âge de 12 semaines, les chiens réduisent leur activité alors que les adultes sont passifs ou sont hyperactifs (Goddard et Beilharz, 1984). Ainsi, il est déconseillé d’intégrer la peur aux tests de personnalité (Goddar et Beilharz, 1986).

Beaucoup de tests ont ainsi été mis au point conduisant souvent à des résultats non probants. Quelques tests semblent cependant fonctionner. Il s’agit de tests nécessitant une forme « d’expérimentation » c’est-à-dire que l’animal est soumis à un moment donné à divers stimuli pour lesquels ses réactions sont évaluées.

L’une des méthodes consiste à demander au propriétaire de répondre à un questionnaire de personnalité. Le plus utilisé est probablement le « Canine Behavioral Assessment and Research Questionnaire » (C-BARQ). Il a été développé aux Etats-Unis par Hsu et Serpell (2003) et doit être réadapté à chaque pays en prenant en compte la perception et la relation homme/chien dans ces pays.

Il s’intéresse à plusieurs catégories comportementales comme l’agressivité, la peur, l’anxiété, l’attachement, l’excitabilité. Dans chaque catégorie, des situations de la vie courante sont proposées pour lesquelles le propriétaire doit évaluer le comportement de son chien (Annexe 6)

La prédictibilité d’un test augmente avec l’âge de l’animal et serait fiable entre 3 et 6 mois (Riemer et al., 2014). Il arrive cependant souvent trop tard : le chien a déjà intégré sa famille ou ses entraînements de travail.

Celui visant à déterminer si un chiot fera un bon chien policier en est un exemple (Slabbert et Odendaal, 1999). Ce test mesure :

  1. À 8 semaines : l’habilité du chiot à dépasser un obstacle pour rejoindre son maître ou de la nourriture
  2. À 8 et 12 semaines : ses capacités à rapporter un objet comme son jouet préféré
  3. À 12 semaines et 16 semaines : ses réactions face à un événement inattendu et à un coup de fusil
  4. À 6 mois : son comportement face à une agression.

 

Si le chiot ne présente pas les résultats attendus, des mesures peuvent être mises en place comme l’exposer à des éléments de son futur environnement pour tenter d’améliorer ses performances.

Toutefois, il convient d’être prudent car la valeur prédictive de ces évaluations n’est pas très élevée.

Il existe aussi des variations intrinsèques : les chiots ne sont pas tous matures d’un point de vue comportemental au même âge. Les tests utilisant une échelle absolue (nombre de jours après la naissance) peuvent conduire à des résultats biaisés. En 2001, Feddersen-Petersen observe le développement de chiens de différentes races pendant leurs 12 premières semaines de vie et relève des différences dans l’émergence de certains caractères, qu’elle classe par types (orientation, confort, locomotion…) avec parfois un décalage d’une semaine pour l’apparition d’un même caractère chez 2 races différentes entre les plus précoces et les plus tardifs. Les huskies semblent faire partie des races à développement plus précoce alors que le Labrador et le Caniche royal semblent faire parties des races dont le développement est plus long sur plusieurs critères (figure 25).

Ainsi, on constate que les tests comportementaux réalisés sur des chiots de moins de 8 semaines ne sont pas adaptés chez toutes les races, certaines n’ayant pas encore acquis un ou plusieurs comportements.

Figure 18: Premier jour d’apparition de différents comportements chez différentes races de chiens de taille moyenne et chez le loup (Feddersen-Petersen, 2001)

Figure : Premier jour d’apparition de différents comportements chez différentes races de chiens de taille moyenne et chez le loup

Le chiot sera considéré comme adulte entre 9 et 18 mois selon les races mais il n’est mature socialement qu’à 18 mois voire plus (Miklósi, 2015).

Peau et système musculo-squelettique

  • Tonus musculaire et mobilité

Le nouveau-né doit essayer de se hisser sur ses membres antérieurs ou de pousser sur ses membres postérieurs dans les 10 premiers jours. Le chiot commence à essayer de marcher à environ 14 jours. Les chiots plus grands ou plus lourds pourront mettre un peu plus de temps avant de commencer à se déplacer (Root Kustritz, 2011a).

 

  • Calcium et phosphore

Le calcium et le phosphore sont importants pour une bonne croissance osseuse mais aussi pour la contraction musculaire. La concentration sanguine en calcium est très élevée chez les chiots de moins de 8 semaines et redescend jusqu’à atteindre les valeurs de l’adulte vers 1 an.

 

  • Cartilage de croissance et ossification

Les os des chiots sont généralement moins minéralisés que ceux des adultes. Ils présentent des zones de croissance métaphysaires, un cartilage parfois plus épais et de nombreux centres d’ossification secondaires mais cela est physiologique. Ces centres d’ossification apparaissent au cours de la croissance, plus ou moins tôt selon l’os considéré.

Les os d’un très jeune animal (moins de 2 mois) peuvent apparaitre comme irréguliers, notamment au niveau des métaphyses qui sont un site actif de remodelage. Cette zone est appelée « zone de réduction » et a une surface périostée rugueuse et irrégulière. Une ligne radio-transparente est visible entre la métaphyse et l’épiphyse et peut mimer une ligne de fracture ou un espace articulaire. Ces lignes vont se réduire au cours de la croissance jusqu’à ce que l’épiphyse et la métaphyse fusionnent pour former une cicatrice radio-opaque.

Les espaces articulaires semblent plus larges chez le jeune animal puisque le cartilage apparait comme un tissu mou de même opacité que le liquide synovial et que la capsule articulaire mais en réalité, les espaces articulaires ne sont pas plus grands. En cas de doute sur l’opacité des tissus mous sur les radiographies, il faut penser à radiographier le membre opposé à titre comparatif (J. Hoskins, 2001).

De par la diversité entre les races canines, entre les portées et entre les individus, il est très difficile d’établir un tableau de valeurs de référence pour toutes les données osseuses. L’idéal, lorsque les clichés concernent les membres de l’animal, est la comparaison avec le membre opposé et de garder les clichés de l’animal pour suivre l’évolution entre 2 examens (J. Hoskins, 2001).

Les tableaux suivants serviront de référence pour l’âge d’apparition et de fermeture des différents foyers d’ossification (tableaux 66, 67 et 68).

Tableau 66 : Age d’apparition et de fermeture des centres d’ossification des os des membres thoraciques du chiot, d’après Hoskins, 2001

Tableau : Age d’apparition et de fermeture des centres d’ossification des os des membres thoraciques du chiot

 

 

Tableau 67 : Age d’apparition et de fermeture des centres d’ossification des os des membres pleviens du chiot, d’après Hoskins, 2001

Tableau : Age d’apparition et de fermeture des centres d’ossification des os des membres pelviens du chiot

 

 

Tableau 68 : Age d’apparition et de fermeture des centres d’ossification des os du bassin du chiot, d’après Hoskins, 2001

Tableau : Age d’apparition et de fermeture des centres d’ossification des os du bassin du chiot

 

Entre le 3ème et le 6ème mois

chiot entre 3 et 6 mois

Croissance

La croissance est plus longue chez les races de grande taille. Par exemple, le Mastiff atteint 50% de son poids adulte à 22,9 semaines en moyenne contre 11,1 semaines en moyenne chez l’épagneul papillon (tableau 5).  Chez les races géantes, la croissance est exponentielle jusqu’à l’âge de 5 mois (figure 8) (Hawthorne et al., 2004).

Le poids adulte est atteint quand le taux de croissance devient égal à 0. Les petites et moyennes races atteignent 99% de leur poids adulte à 9 ou 10 mois alors que les races géantes ne l’atteignent qu’entre 11 et 15 mois (tableau 5) (Hawthorne et al., 2004). Les mâles peuvent mettre un peu plus de temps à atteindre leur taille adulte (Peterson, 2011).

Figure 8 : Courbes de croissance moyennes pour 12 races de chiens (Hawthorne et al., 2004)

Figure : Courbes de croissance moyennes pour 12 races de chiens

 

 

Tableau 5 : Caractéristiques de croissance chez différentes races de chiens selon l’équation des courbes de croissance. a : poids adulte, xo : âge auquel le chiot atteint 50% du poids adulte (en semaines), T99 : âge auquel le chiot atteint 99% du poids adulte (en semaines)  (D’après Hawthorne et al., 2004)

Tableau : Caractéristiques de croissance chez différentes races de chiens selon l’équation des courbes de croissance

Cependant, il semble important de relativiser la pertinence des résultats précédents compte tenu de l’effectif réduit de certaines races dans cette étude.

Dentition

Le chien, comme les autres mammifères, est une espèce diphyodonte, c’est-à-dire qui présente 2 dentitions : une dentition  déciduale de 28 dents et une dentition définitive de 42 dents, 20 à la mâchoire supérieure et 22 à la mâchoire inférieure. On peut parfois lire que la dentition de lait est composée de 32 dents, parce qu’on y ajoute les PM1(première paire de pré molaires) qui sont des dents de lait persistantes (Hawkins, 2001).

Les changements pendant la période pédiatrique sont surtout visibles au niveau des 6 incisives : 2 pinces (I1), 2 mitoyennes (I2), 2 coins (I3) (figure 9).

Figure 9: La denture du chiot (vue latérale de la bouche) ; I=incisives, C=canines, P=pré-molaires (Pollet, 2009)

Figure : La denture du chiot (vue latérale de la bouche)

 

Les dents déciduales terminent leur apparition jusqu’à 5 semaines pour P2. Les dents qui apparaissent ensuite sont déjà des dents définitives (P1, M1, M2 et M3) et les dents déciduales seront remplacées progressivement à partir de 4 mois (tableau 7).

Tableau 7 : Date de remplacement des dents déciduales par des dents permanentes chez le chiot; I=incisives, C=canines, PM=pré-molaires, M=molaires (Pollet, 2009)

Tableau : Date de remplacement des dents déciduales par des dents permanentes chez le chiot

 

Le remplacement des dents déciduales se fait toujours de l’intérieur vers l’extérieur de la machoire, ce qui permet d’estimer l’âge d’un chiot grâce à sa dentition : I1 remplacées, puis I2 puis I3…etc. Les dents permanentes dites « en fleurs de lys » apparaissent progressivement (figure 10).

Figure 10 : Evolution de la dentition du chiot entre 3 et 5 mois : remplacement progressif des dents déciduales (Cours d’anatomie, ENVT, 2015)

Figure : Evolution de la dentition du chiot entre 3 et 5 mois : remplacement progressif des dents déciduales (Cours d’anatomie, ENVT, 2015)

Il y a des variations entre les grandes et les petites races, chez lesquelles l’apparition des dents est respectivement plus avancée et plus retardée. La chute des dents de lait (surtout des incisives et des canines) peut être retardée et ces dents peuvent même persister alors que les dents définitives commencent à pousser, ce qui est surtout observé chez les races naines.

Chez les chiens de petit format, il arrive parfois que les dents de lait ne tombent pas seules, et plus spécialement que les canines de lait ne tombent pas lors de la pousse des canines permanentes. L’extraction de la canine de lait persistante doit impérativement être faite à l’âge de 7 mois, sinon des problèmes d’aplomb dentaire (verticalité des dents) et d’entartrage peuvent s’installer (Pollet, 2009).

Température

À partir de l’âge de 2 mois, la température du chiot se trouve dans l’intervalle de référence de l’adulte, à savoir, entre 37,5 et 39°C (figure 13) (Catteau, 2014).

Figure 13: Evolution de la tempérautre rectale du chiot entre 0 et 5 mois (Mueggler et al., 1979)

Figure : Evolution de la température rectale du chiot entre 0 et 5 mois

Paramètres hématologiques

  • Lignée rouge

L’hématocrite croit jusqu’à se stabiliser sur les valeurs adultes entre 2 et 6 mois (Root Kustritz, 2011b).

À 6 mois d’âge, l’ensemble des valeurs hématologiques de la lignée rouge se trouve dans l’intervalle de référence du chien adulte (tableau 24) (Calvache, 2008).

Chez les chiots de moins de 4 mois, on doit observer une réponse régénérative supérieure à celle des adultes. Les valeurs et méthodes d’évaluation d’une réponse régénérative chez les animaux adultes sont utilisables pour les chiots âgés de plus de 4 mois (Calvache, 2008; Root Kustritz, 2011b).

Tableau 24: Lignée rouge chez le chiot âgé de 24 semaines – valeurs hématologiques moyennes (Earl, 1973).

VGM : volume globulaire moyen ; CCMH : concentration corpusculaire moyenne en hémoglobine ; TCMH : teneur corpusculaire moyenne en hémoglobine ; GR : globules rouges.

Tableau : Lignée rouge chez le chiot âgé de 24 semaines – valeurs hématologiques moyennes

 

La figure 14 est extraite de la thèse vétérinaire de Calvache (2008) et nous montre l’évolution de la concentration de globules rouges, de l’hémoglobinémie et de l’hématocrite chez le chiot entre 0 et 12 mois. Dans son travail, Calvache faisait une moyenne de différentes données de la littérature. Seules quelques-unes de ces données ont été reprises ici, car certaines études faisaient appel à un trop petit effectif ou se basaient déjà elles-mêmes sur des données plus anciennes comme les valeurs trouvées par Earl et al (1973).

Figure 14 : Résultats des données bibliographiques concernant la numération des globules rouges, l’hémoglobinémie,et l’hématocrite chez le chien âgé de 0 à 12 mois (Calvache, 2008)

Figure : Résultats des données bibliographiques concernant la numération des globules rouges, l’hémoglobinémie, et l’hématocrite chez le chien âgé de 0 à 12 mois

 

  • Lignée blanche

Chez le chiot, la concentration de globules blancs, de neutrophiles et de lymphocytes diminuent lentement jusqu’à 6 mois (von Dehn, 2014).

Au 6ème mois, les valeurs hématologiques de la lignée blanche sont comprises dans les intervalles de référence de l’adulte (tableau 25) (Calvache, 2008).

Tableau 25: Lignée blanche chez le chiot âgé de 24 semaines – valeurs hématologiques moyennes (Earl, 1973).

VGM : volume globulaire moyen ; CCMH : concentration corpusculaire moyenne en hémoglobine ; TCMH : teneur corpusculaire moyenne en hémoglobine ; GB : globules blancs.

Tableau : Lignée blanche chez le chiot âgé de 24 semaines – valeurs hématologiques moyennes

 

  • Plaquettes

L’évaluation de la coagulation est limitée chez les nouveau-nés mais semble correspondre aux valeurs de référence de l’adulte pour le temps de prothrombine (PT) et le fibrinogène à partir de 8 semaines (Center, 2011).

Système digestif

La flore intestinale des chiots s’est développée progressivement en fonction de leur environnement, de leur mère et de ce qu’ils ingèrent, jusqu’à former des populations stables de bactéries. En cas de changement d’alimentation ou d’environnement, cette flore bactérienne intestinale évoluera pour s’adapter au nouveau mode de vie du chiot.

La motilité du tractus digestif semble être contrôlée davantage par une activité électrique que par la distension (Root Kustritz, 2011a).

Le système digestif du chiot reste très fragile et facilement affecté par l’environnement, le régime alimentaire et les pathogènes car les défenses contre les infections sont encore réduites. Tant que la production d’acides gastriques n’est pas complètement développée, l’acidité de l’estomac du chiot est inférieure à celle de l’adulte, ce qui diminue la barrière chimique et donc les défenses contre les agents pathogènes en permettant le développement d’un plus grand nombre de bactéries. (Rickard, 2011).

Le pancréas est capable de produire les enzymes et facteurs antimicrobiens nécessaires et les colonies bactériennes présentent dans le tractus digestif pourront se stabiliser pour former la flore digestive (Hoskins, 2011a). Les valeurs de l’activité enzymatique des lipases et de l’amylase sont comparables aux valeurs de référence de l’adulte.

Apports énergétiques du chiot (3-6 mois)

 

Système hépatobiliaire

Le foie ne doit normalement pas être palpable et ne pas dépasser des dernières côtes.

  • Métabolisme du glucose

La régulation de la glycémie s’améliore avec l’âge et à partir de 4 mois les chiots peuvent être considérés comme similaires aux valeurs de référence du chien adulte (Rickard, 2011).

 

  • Cholestérol et triglycérides

La cholestérolémie se trouve dans l’intervalle de référence de l’adulte (Center, 2011).

Chez le chiot, la concentration en triglycérides diminue après le sevrage, mais il est possible d’observer un nouveau pic entre 5 et 6 mois. La triglycéridémie reste légèrement supérieure à celle de l’adulte jusqu’à 6 mois (Hoskins, 2011).

 

  • Bilirubine

La bilirubinémie du chiot est comparable à celle de l’adulte (Center, 2011).

 

  • Acides biliaires

L’utilisation des tables de référence adultes pour le dosage des acides biliaires pour l’analyse des fonctions hépatiques et hépatobiliaires est possible chez le chiot à partir de 4 semaines. Il est recommandé de comparer les valeurs en période pré et post prandiale plutôt que de ne faire qu’une analyse à un moment donné, en raison des variations physiologiques de ces paramètres (Hoskins, 2011b).

 

  • Albumine et protéines totales

La concentration d’albumine est identique à celle des adultes mais la quantité de globulines dans le sérum augmente avec l’âge, probablement en relation avec les stimulations antigéniques. Le dosage des protéines totales augmente progressivement jusqu’à atteindre les valeurs adultes entre 6 mois et 1 an (Center, 2011).

 

  • Activité des enzymes hépatiques

Les valeurs observées chez le chiot pour l’activité des ALAT, ASAT et GGT sont comparables aux valeurs usuelles du chien adulte (Gorman, 2011 ; Rosset et al., 2012 ; O’Brien et al., 2014).

L’alcaline phosphatase(PAL) reste au-dessus des valeurs adultes pendant plus longtemps et ne se stabilise pas dans l’intervalle de référence adulte avant 6 mois. En effet, une augmentation soutenue de l’activité sérique des PAL chez les chiots pendant les 6 à 12 premiers mois de vie (au maximum trois fois plus que les valeurs de référence adultes) peut refléter l’isoenzyme PAL osseuse qui provient de l’activité ostéoblastique (Center, 2011).

 

  • Cycle de l’urée

Le taux d’ammonium chez des chiots cliniquement sains se trouve dans l’intervalle de référence adulte (Peterson and Kutzler, 2011) .

Système cardio-vasculaire

Les souffles cardiaques physiologiques pouvant être observés au cours des premiers mois de vie disparaissent normalement vers le 4ème ou 5ème mois. Ils sont souvent plus marqué lors d’un effort ou d’une phase d’excitation du chiot (Bright, 2011).

À partir de 6 mois, le système cardio-vasculaire du chiot est similaire à celui de l’adulte, et l’on peut alors utiliser les mêmes valeurs de référence (Bright, 2011).

Tableau 58: Rythme cardiaque et valeurs moyennes des pressions artérielles chez le chiot à 6 mois, d’après Moon et al, 2001

Tableau : Rythme cardiaque et valeurs moyennes des pressions artérielles chez le chiot à 6 mois

Électrocardiogramme : L’ECG normal d’un chiot à partir de 4 mois est similaire à celui de l’adulte (Trautvetter et al., 1981).

Système respiratoire

La fréquence respiratoire du chiot est similaire à celle de l’adulte, c’est-à-dire comprise entre 20 et 24 mouvements par minute. L’auscultation pulmonaire s’en trouve facilitée (Taboada et Turnwald, 2011).

La radiographie thoracique reste un examen difficile à mettre en place à cause du manque de données sur les jeunes animaux. Les radiographies sont alors interprétées comme celles de l’adulte. Le lavage trachéal et les autres méthodes de collecte d’échantillon pour mise en culture ou cytologie peuvent être pratiquées comme chez l’adulte (Root Kustritz, 2011a).

Système urinaire

  • Urémie et créatininémie

L’urémie diminue jusqu’à 3 mois. Une hypothèse à ce faible taux d’urée sanguine chez le jeune serait l’augmentation de la synthèse protéique sous l’influence des hormones de croissance ou l’augmentation du débit de filtration glomérulaire en réponse à une augmentation du métabolisme général (von Dehn, 2014).

La créatininémie se rapproche des valeurs usuelles de l’adulte.

Les valeurs d’urémie et de créatininémie ont été étudiées par plusieurs auteurs mais toutes les études aboutissent à des intervalles de référence significativement différents (Gorman, 2011; Moon et al., 2001; O’Brien et al., 2014; Rørtveit et al., 2015; Rosset et al., 2012).

 

  • Débit de filtration glomérulaire

Le débit de filtration glomérulaire et le flux sanguin rénal atteignent les valeurs de l’adulte entre 8 et 10 semaines (von Dehn, 2014).

La filtration glomérulaire continue d’augmenter jusqu’à atteindre les valeurs de l’adulte vers dix semaines. Le débit de filtration glomérulaire passe d’une valeur de 0,34 mL/min/g de tissu rénal chez le chiot âgé d’un mois à 0,51 mL/min/g chez le chiot de 77 jours (Heller et Capek, 1965 ; Hoster et Valtin, 1971).

 

  • Balance électrolytique

Les valeurs de la natrémie, de la kaliémie et de la chlorémie sont similaires aux valeurs de l’adulte (tableau 65).

Tableau 64: Intervalles de référence du sodium, du potassium et des chlorures chez le chiot âgé de 3 mois, d’après O’Brien et al, 2014

Tableau : Intervalles de référence du sodium, du potassium et des chlorures chez le chiot âgé de 3 mois

 

 

  • Analyse d’urine

La concentration urinaire en protéines et glucose devient comparable à celle des adultes entre 6 et 8 semaines après la naissance (Rickard, 2011).

La densité urinaire atteint celle de l’adulte à 11 semaines chez le chiot (Proffenbarger et al, 1990)

Il n’y a aucune différence significative concernant le pH urinaire selon l’âge des animaux. Celui-ci varie entre 6,5 et 8,0 (Casseleux, 2007).

Système nerveux

Les capacités sensorielles du chiot sont entièrement développées. Les réflexes sensoriels sont identiques à ceux de l’adulte et l’examen neurologique peut s’interpréter de la même manière.

Le développement des capacités motrices à cette période consiste surtout en un accroissement de la force et de l’adresse (Scott et Fuller, 1965).

Évolution du comportement

C’est la période juvénile, la plus variable dans le développement du chiot. Elle s’achèvera autour de la puberté.  La répétition des interactions entre les chiots et les autres membres du groupe renforce leur socialisation et ajuste les comportements. Cependant, cette période débute généralement par l’adoption du chiot par sa nouvelle famille et peut conduire à un isolement social.

La phase attractive est suivie d’une phase d’aversion marquée par l’augmentation de l’évitement et de la peur face à un nouveau stimulus : l’animal devient plus méfiant vis-à-vis de ce qui est inconnu et a plus de difficultés à l’intégrer comme un élément familier. Elle débuterait vers la 5ème semaine. Il est alors nécessaire de renforcer les expériences positives. Après 8 semaines, la phase d’aversion domine sur la phase attractive (Vastrade, 1987). Cette peur de l’inconnu continue d’augmenter jusqu’à 16 semaines environ (Fox, 1964 ; Scott et Fuller, 1965).

Figure 17: Représentation schématique des phénomènes d’attraction et répulsion chez le chiot (Vastrade, 1987)

Figure : Représentation schématique des phénomènes d’attraction et répulsion chez le chiot

 

 

  • Activité

À partir de huit semaines, les chiots dorment et se réveillent presque comme des adultes, leur besoin de sommeil a considérablement diminué (Giffroy, 1985).

Les comportements sont essentiellement des comportements de jeux.

 

  • Comportement alimentaire

Le chiot manifeste un comportement alimentaire similaire à celui de l’adulte. Le sevrage alimentaire est définitif entre sept et dix semaines (Rosset, 2006).

 

  • Caractère du chiot

Le comportement du chiot commence alors à présenter une organisation stable, tout en continuant à être modelé par divers apprentissages et expériences. Il n’est pas figé.

La personnalité ou tempérament peut se décrire chez l’animal comme un ensemble de tendances comportementales propres à chaque individu. Elle s’établit dès le plus jeune âge et persiste à l’âge adulte. Ainsi, un chien peut être qualifié de joueur, curieux, sociable, agressif ou prédateur (Svartberg et Forkman, 2002).

La réponse à une situation de peur dépend de l’âge de l’animal : avant l’âge de 12 semaines, les chiens réduisent leur activité alors que les adultes sont passifs ou sont hyperactifs (Goddard et Beilharz, 1984). Ainsi, il est déconseillé d’intégrer la peur aux tests de personnalité (Goddar et Beilharz, 1986).

Beaucoup de tests ont ainsi été mis au point conduisant souvent à des résultats non probants. Quelques tests semblent cependant fonctionner. Il s’agit de tests nécessitant une forme « d’expérimentation » c’est-à-dire que l’animal est soumis à un moment donné à divers stimuli pour lesquels ses réactions sont évaluées.

L’une des méthodes consiste à demander au propriétaire de répondre à un questionnaire de personnalité. Le plus utilisé est probablement le « Canine Behavioral Assessment and Research Questionnaire » (C-BARQ). Il a été développé aux Etats-Unis par Hsu et Serpell (2003) et doit être réadapté à chaque pays en prenant en compte la perception et la relation homme/chien dans ces pays.

Il s’intéresse à plusieurs catégories comportementales comme l’agressivité, la peur, l’anxiété, l’attachement, l’excitabilité. Dans chaque catégorie, des situations de la vie courante sont proposées pour lesquelles le propriétaire doit évaluer le comportement de son chien (Annexe 6)

La prédictibilité d’un test augmente avec l’âge de l’animal et serait fiable entre 3 et 6 mois (Riemer et al., 2014). Il arrive cependant souvent trop tard : le chien a déjà intégré sa famille ou ses entraînements de travail.

Celui visant à déterminer si un chiot fera un bon chien policier en est un exemple (Slabbert et Odendaal, 1999). Ce test mesure :

  1. A 8 semaines : l’habilité du chiot à dépasser un obstacle pour rejoindre son maître ou de la nourriture
  2. A 8 et 12 semaines : ses capacités à rapporter un objet comme son jouet préféré
  3. A 12 semaines et 16 semaines : ses réactions face à un événement inattendu et à un coup de fusil
  4. A 6 mois : son comportement face à une agression.

 

Si le chiot ne présente pas les résultats attendus, des mesures peuvent être mises en place comme l’exposer à des éléments de son futur environnement pour tenter d’améliorer ses performances.

Toutefois, il convient d’être prudent car la valeur prédictive de ces évaluations n’est pas très élevée.

Il existe aussi des variations intrinsèques : les chiots ne sont pas tous matures d’un point de vue comportemental au même âge. Les tests utilisant une échelle absolue (nombre de jours après la naissance) peuvent conduire à des résultats biaisés. En 2001, Feddersen-Petersen observe le développement de chiens de différentes races pendant leurs 12 premières semaines de vie et relève des différences dans l’émergence de certains caractères, qu’elle classe par types (orientation, confort, locomotion…) avec parfois un décalage d’une semaine pour l’apparition d’un même caractère chez 2 races différentes entre les plus précoces et les plus tardifs. Les huskies semblent faire partie des races à développement plus précoce alors que le Labrador et le Caniche royal semblent faire parties des races dont le développement est plus long sur plusieurs critères (figure 25).

Ainsi, on constate que les tests comportementaux réalisés sur des chiots de moins de 8 semaines ne sont pas adaptés chez toutes les races, certaines n’ayant pas encore acquis un ou plusieurs comportements.

Figure 18: Premier jour d’apparition de différents comportements chez différentes races de chiens de taille moyenne et chez le loup (Feddersen-Petersen, 2001)

Figure : Premier jour d’apparition de différents comportements chez différentes races de chiens de taille moyenne et chez le loup (Feddersen-Petersen, 2001)

Le chiot sera considéré comme adulte entre 9 et 18 mois selon les races mais il n’est mature socialement qu’à 18 mois voire plus (Miklósi, 2015).

Peau et système musculo-squelettique

  • Tonus musculaire et mobilité

Le nouveau-né doit essayer de se hisser sur ses membres antérieurs ou de pousser sur ses membres postérieurs dans les 10 premiers jours. Le chiot commence à essayer de marcher à environ 14 jours. Les chiots plus grands ou plus lourds pourront mettre un peu plus de temps avant de commencer à se déplacer (Root Kustritz, 2011a).

 

  • Calcium et phosphore

Le calcium et le phosphore sont importants pour une bonne croissance osseuse mais aussi pour la contraction musculaire. La concentration sanguine en calcium est très élevée chez les chiots de moins de 8 semaines et redescend jusqu’à atteindre les valeurs de l’adulte vers 1 an.

 

  • Cartilage de croissance et ossification

Les os des chiots sont généralement moins minéralisés que ceux des adultes. Ils présentent des zones de croissance métaphysaires, un cartilage parfois plus épais et de nombreux centres d’ossification secondaires mais cela est physiologique. Ces centres d’ossification apparaissent au cours de la croissance, plus ou moins tôt selon l’os considéré.

Les os d’un très jeune animal (moins de 2 mois) peuvent apparaitre comme irréguliers, notamment au niveau des métaphyses qui sont un site actif de remodelage. Cette zone est appelée « zone de réduction » et a une surface périostée rugueuse et irrégulière. Une ligne radio-transparente est visible entre la métaphyse et l’épiphyse et peut mimer une ligne de fracture ou un espace articulaire. Ces lignes vont se réduire au cours de la croissance jusqu’à ce que l’épiphyse et la métaphyse fusionnent pour former une cicatrice radio-opaque.

Les espaces articulaires semblent plus larges chez le jeune animal puisque le cartilage apparait comme un tissu mou de même opacité que le liquide synovial et que la capsule articulaire mais en réalité, les espaces articulaires ne sont pas plus grands. En cas de doute sur l’opacité des tissus mous sur les radiographies, il faut penser à radiographier le membre opposé à titre comparatif (J. Hoskins, 2001).

De par la diversité entre les races canines, entre les portées et entre les individus, il est très difficile d’établir un tableau de valeurs de référence pour toutes les données osseuses. L’idéal, lorsque les clichés concernent les membres de l’animal, est la comparaison avec le membre opposé et de garder les clichés de l’animal pour suivre l’évolution entre 2 examens (J. Hoskins, 2001).

Les tableaux suivants serviront de référence pour l’âge d’apparition et de fermeture des différents foyers d’ossification (tableaux 66, 67 et 68).

Tableau 66 : Age d’apparition et de fermeture des centres d’ossification des os des membres thoraciques du chiot, d’après Hoskins, 2001

Tableau : Age d’apparition et de fermeture des centres d’ossification des os des membres thoraciques du chiot

 

 

Tableau 67 : Age d’apparition et de fermeture des centres d’ossification des os des membres pleviens du chiot, d’après Hoskins, 2001

Tableau : Age d’apparition et de fermeture des centres d’ossification des os des membres pelviens du chiot

 

 

Tableau 68 : Age d’apparition et de fermeture des centres d’ossification des os du bassin du chiot, d’après Hoskins, 2001

Tableau : Age d’apparition et de fermeture des centres d’ossification des os du bassin du chiot